Une dysfonction thyroïdienne n’entraîne pas directement d’altération des fonctions cognitives

10/11/2021 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Dans les recommandations cliniques, la dysfonction thyroïdienne, qu’elle soit patente ou infraclinique, est mentionnée comme un facteur responsable et traitable de déclin cognitif, invitant à doser les hormones thyroïdiennes en cas de trouble cognitif. En fait, la littérature scientifique sur ce sujet est très hétérogène. Afin d’évaluer les associations transversales et longitudinales entre la dysfonction thyroïdienne initiale, la fonction cognitive et la démence, les données individuelles des participants de plusieurs cohortes ont été analysées permettant d’évaluer 114 267 personnes/année de suivi de fonctions cognitives et 525 222 personnes/année d’apparition d’une démence entre 1989 et 2017.

L’analyse portait sur 21 cohortes comprenant 38 144 participants pour la fonction cognitive et 8 cohortes avec un total de 2 033 cas ayant une démence, comparés à 44 573 témoins. C’est sur la fonction thyroïdienne initiale, au début du suivi, qu’était basée l’analyse de l’association. Sur les 74 565 participants au total, 66 557 (89.3%) avaient une fonction thyroïdienne normale, 577 (0.8%) avaient une hyperthyroïdie patente, 2 557 (soit 3.4%) avaient une hyperthyroïdie infraclinique, 4 167 (5.6%) avaient une hypothyroïdie infraclinique et 699 (0.9%) avaient une hypothyroïdie patente. L’âge médian variait de 57 à 93 ans et 57.5 % des participants étaient des femmes. La dysfonction thyroïdienne n’était pas associée à la fonction cognitive globale. Les différences les plus importantes étaient observées entre l’hypothyroïdie patente et l’euthyroïdie de manière transversale (- 0.06, différence moyenne standardisée dans le score ; IC 95 % = - 0.2 à + 0.08 ; p = 0.4) et de manière longitudinale (0.11, différence moyenne standardisée de déclin supérieur par an ; - 0.01 à + 0.23 ; p = 0.09). Il n’y avait pas d’association entre la dysfonction thyroïdienne et les fonctions exécutives, les fonctions de mémoire ou le risque de démence. En conclusion, dans cette analyse de données individuelles de plus de 74 000 adultes, l’hypothyroïdie infraclinique et l’hyperthyroïdie ne sont pas associées à la fonction cognitive, au déclin cognitif ou à la survenue d’une démence. Il est plus difficile de tirer une conclusion définitive sur le rôle de la dysfonction thyroïdienne patente dans le risque de démence. Quoi qu’il en soit, le dépistage systématique d’une hypothyroïdie infraclinique dans un contexte de déclin cognitif chez les sujets les plus âgés ne semble pas utile.

Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?

M A G

M A G

Non

Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus

0 commentaire
5 débatteurs en ligne5 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête
Soirées d'intégration en médecine : le bizutage a-t-il vraiment disparu ?
02/10/2024
2
Concours pluripro
Maisons de santé
Objectif 4000 maisons de santé : les enjeux des prochaines négociations conventionnelles
07/11/2024
2
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
5
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2