Cancer de la thyroïde : préserver la fonction thyroïdienne et la qualité de vie
L’incidence du cancer de la thyroïde est en augmentation. De bon pronostic (5% de décès), la tendance est d’éviter la thyroïdectomie. "Notre objectif est de privilégier l'autonomie thyroïdienne et la qualité de vie. Cette préservation est possible en cas de nodules bénins ou suspects et de cancers papillaires de faibles risques. Plusieurs traitements sont à disposition tels que la chirurgie partielle et les thermo traitements RFA (radio fréquence, laser, etc). La lobectomie ne s’applique pas pour les rares cancers vésiculaires qui nécessitent des thyroïdectomies totales", introduit le Pr Renaud Garrel (CHU Montpellier). Le bilan pré-thérapeutique (TSH, thyroglobuline, thyrocalcitonine, anti-TG, anti-TPO, anti-rTSH TRAK) et l’âge renseignent sur la probabilité de prescrire un traitement substitutif. Plus le taux de TSH pré-opératoire est élevé, plus le risque est important d'avoir une insuffisance thyroïdienne et un traitement. Un patient de + de 50 ans avec un taux de TSH préopératoire > 2,5 mIU/l, une présence d’anticorps anti-TPO et un volume de lobe restant < 3 cc, sera supplémenté en post-opératoire. La prévalence de traitement après lobectomie est liée au nombre de patients cancéreux. Une étude (M. Wilson et al., American Journal of Surgery 2020) indique que 47% des patients ont reçu un traitement (36% étaient cancereux). D’autres travaux (Meyer C. et al., Original Research, 2021) estiment ce taux à 30% (pour 11% de cancer). Pour le Pr Garrel, "les patients se portent moins bien en cas de thyroïdectomie totale, quelle que soit leur pathologie, cancer ou non. Et ceux ayant eu une lobectomie thyroïdienne, même s'ils sont supplémentés, ont tous les critères de qualité de vie améliorés". Des études (notamment B. Luddy et al., J. Surg. Res. 2021) ont analysé la qualité de vie globale et l’asthénie après traitements. En cas de thyroïdectomie totale, de 25 à 36% des patients ont une fatigue chronique alors que l’asthénie n’existe pas ou très peu (0 à 2%) en cas de lobectomie seule et ce, même en cas de cancer et de supplémentation. Deux études, chinoise (Y Lan et coll., Cancer Med 2021) et coréenne (Chen W. et al., Jama Surg. 2022), sont significativement en faveur d’une lobectomie thyroïdienne pour des microcarcinomes papillaires (cancers à très faibles risques), notamment sur les critères de qualité de vie. "L’altération de la qualité de vie des patients (prise de poids, dépression, perte des capacités physiques…) ayant eu une thyroïdectomie totale persiste à 5 ans du diagnostic", complète le Pr Franck Jegoux (CHU Rennes). "À Montpellier, nous réalisons des lobectomies pour des nodules Bth IV à VI, c'est-à-dire suspects, très suspects voire cancer avéré en préopératoire, pour des tumeurs de petite taille, moins de 2 cm (T1). La chirurgie est unilatérale. Nous enlevons les ganglions du compartiment central et unilatéral, ce qui permet d'avoir la plupart des critères histopronostiques. Dans l'immense majorité des cas, cela se fait en ambulatoire. Il n’y a donc pas d’hypoparathyroïdie", détaille le Pr Garrel. La technique de thermo ablation par radiofréquence est une alternative à la chirurgie. Elle est indiquée pour les tumeurs bénignes et est à l'étude pour les microcarcinomes. Elle permet la conservation thyroïdienne même en cas de goître bilatéral. Un forum de discussion est mis à la disposition des patients par l’association "Vivre sans thyroïde".
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