Dysfonction érectile : accompagner la prescription des IPDE-5
Les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 constituent le traitement oral de référence en première intention dans la prise en charge de la dysfonction érectile. Prescription et délivrance de cette classe thérapeutique doivent faire l’objet d’un accompagnement.
Parmi les troubles sexuels, la dysfonction érectile (DE) est définie comme une incapacité persistante ou répétée à atteindre ou à maintenir jusqu’à l’accomplissement de l’acte sexuel une érection adéquate. Si sa prévalence est de moins de 10% avant 40 ans, elle est de l’ordre de 20 à 40% entre 50 et 69 ans et de 70 à 100% après 70 ans(1). Une durée des troubles d’au minimum trois mois est nécessaire pour asseoir le diagnostic. « Sur le plan de l’étiologie, il faut considérer la DE comme un symptôme sentinelle. En effet, 5 à 10% des patients présentant une DE avec des facteurs de risque cardiovasculaire vont développer une maladie cardiovasculaire importante dans les cinq ans. D’où l’importance d’une prise en charge par le médecin généraliste », précise le Dr Antoine Faix, chirurgien urologue à la clinique du Millénaire (Montpellier).
Les IPDE-5 présentent un taux d’efficacité compris entre 65 et 85% toutes étiologies confondues. « Cependant, ils restent contre-indiqués en présence d’un angor instable, d’une cardiopathie décompensée, d’un trouble du rythme symptomatique non traité ou en association avec les dérivés nitrés (trinitrine, poppers). Et dernièrement il a été démontré que les IPDE-5 ne devaient pas être associés au riociguat, qui est indiqué dans l’HTA pulmonaire », précise l’urologue. Si deux modes de traitement sont aujourd’hui disponibles (à la demande – sildénafil, vardénafil, tadalafil – ou en traitement quotidien –tadalafil 5 mg), le choix se fait en fonction du patient (anticipation ou spontanéité) et du contexte.
L’information qui lui sera délivrée doit porter sur le délai, la durée d’action et le mode de prise. Elle doit également tenir compte des comorbidités existantes et des vulnérabilités, de la fréquence et de l’intensité des éventuels effets secondaires, ainsi que des habitudes du couple et de son rythme d’activité sexuelle. « Les IPDE-5 sont aujourd’hui plus largement prescrits, et c’est tant mieux. Le consensus Princeton IV(2) vient de rappeler un impact positif sur la protection cardiaque. Il ne faut plus avoir peur d’en prescrire, la pharmacovigilance de cette classe thérapeutique est très bonne et offre une sécurité vasculaire désormais démontrée. Il est donc tout à fait possible de prescrire un IPDE-5 chez un patient qui présente une maladie cardiovasculaire connue, après traitement d’une cardiopathie, d’un infarctus ou d’un AVC traité avec une fonction cardiaque stabilisée depuis plus de six semaines », indique le Dr Faix.
Avant de conclure à une inefficacité des IPDE-5 et d’approfondir les investigations, il est recommandé de tester au moins deux molécules à dose maximale (dans un contexte de stimulation) en ayant essayé les différentes formes. « On observe finalement beaucoup de faux échecs des IPDE-5 alors qu’en réalité, le patient n’est pas suffisamment imprégné du traitement dans la plupart des cas. Il faut en respecter la cinétique. »
- Kloner RA, et al. Princeton IV consensus guidelines: PDE5 inhibitors and cardiac health. The Journal of Sexual Medicine 2024;21(2):9-116.
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Références :
Marita P, et al. J Sex Med 2016;13:144-53.
Source : Journées nationales de médecine générale (JNMG, 10 et 11 octobre 2024, Cnit Forest de Paris-La Défense)
D’après la présentation du Dr Antoine Faix (clinique du Millénaire, Montpellier) lors de la session « Dysfonction érectile ».
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