Une étude montre que les habitants des communes rurales vont moins à l'hôpital que les citadins
D’après une étude de l’Association des maires ruraux de France, dévoilée par nos confrères de France Bleu, les habitants des communes rurales consomment environ 20% de soins hospitaliers de moins que les Français des zones urbaines. “Les habitants du monde rural ont-ils accès à l’hôpital et aux cliniques comme ceux des villes ? La réponse est clairement non !”, indique d’emblée une nouvelle étude de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), publiée en exclusivité par France Bleu, ce lundi 13 novembre. L’association a cherché à comparer les hospitalisations de court séjour en médecine, chirurgie et obstétrique à l’aide des données 2021 du Programme de médicalisation des systèmes d’informations (PMSI). Ces chiffres s’appuient sur 6 300 “secteurs géographiques”, de France métropolitaine et d’outre-mer. En analysant plus de 18 millions de séjours hospitaliers, l’AMRF s’est aperçue que “du rural ‘très peu dense’ aux espaces les plus densément peuplés, il existe une gradation dans la prise en charge”. “La localisation à la campagne devient un facteur déterminant des inégalités d’accès aux soins hospitaliers”, assure l’étude, qui pointe l’éloignement “particulièrement criant” des centres hospitaliers régionaux.
A âge et sexe égal, “les habitants du rural très peu dense consomment 16% de soins hospitaliers en moins que la moyenne nationale”. C’est “20% de soins hospitaliers de moins, jusqu’à 30% de séances en moins (dialyses en centre et chimiothérapies) et 12% de courts séjours hospitaliers en moins, par rapport aux habitants des milieux urbains denses. C’est ainsi que l’étude a conclu que "plus [un habitant] réside loin d’un CHU, moins [il est] avantagé pour [se] faire opérer".
Des zones rurales plus épargnées Certaines zones géographiques semblent un peu plus épargnées, notamment grâce aux grands axes autoroutiers. Parmi elles, “le Midi méditerranéen, le cœur de Midi-Pyrénées, les Pays de la Loire, Lyon et sa périphérie, la plaine du Bas-Rhin ou encore autour de Strasbourg en Alsace. "C’est une affaire d’urbains et de ceux qui y ont facilement accès par les grands couloirs de circulation", explique l'étude. Une prise en charge tardive L’AMRF évoque également la désertification médicale dans les communes rurales. Sans médecin près de chez eux, les patients sont donc moins adressés à l’hôpital. L’étude montre, par ailleurs, que pour des soins de néonatologie, les ruraux se déplacent davantage (+19% par rapport à la moyenne nationale) lorsque le niveau de gravité est le plus élevé. D’après l’étude, c’est le “signe d’une prise en charge hospitalière trop tardive”. Quatre propositions Pour endiguer ce phénomène, l’AMRF suggère quatre propositions. La première consiste à encourager les étudiants en santé à faire des stages hors de leur lieu de formation. L’association milite également pour la mise en place d’équipes de soins coordonnées autour du patient (Escap), permettant “d’éviter des passages inutiles aux urgences”. Consciente de l’intérêt de faciliter l’installation des médecins, l’AMRF demande “la création d’un guichet d’accompagnement qui centralise, à l’échelle de chaque département, les besoins territoriaux, les aides financières, l’accompagnement administratif et les informations relatives à la vie familiale du professionnel”. Enfin, l’association appelle à “faciliter les exercices mixtes, ville et hôpital” et à “développer le partage de compétences entre professionnels de santé”. [Avec France Bleu]
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