Président de l'Ordre des médecins sous Vichy, le Pr René Leriche ne sera plus honoré par l'AP-HP
Le changement a été officialisé ce jeudi 30 juin. L'ancien bâtiment de l'hôpital Broussais (14e arrondissement de Paris), qui abrite des centres de formation, une plateforme génomique et accueillera bientôt le siège de l'école de chirurgie, ne s'appellera plus "René Leriche" mais "Ady Steg". "Plus qu'un symbole. Un honneur retrouvé. Un hommage justifié", a tweeté Martin Hirsch, le futur ex-directeur général de l'AP-HP.
Plus qu’un symbole . Un honneur retrouvé . Un hommage justifié. https://t.co/cUIrUAVzfG
— Martin Hirsch (@MartinHirsch) June 30, 2022
Car le Pr René Leriche, bien que chirurgien reconnu (il a été président de l'Académie de chirurgie en 1952-1953) est connu pour avoir été le premier président du Conseil supérieur de l'Ordre des médecins, créé par le Régime de Vichy en octobre 1940. Nomination qu'il aurait acceptée "à reculons" pour éviter la mainmise allemande sur l'organisation de la profession, mais qu'il exercera néanmoins pendant près de trois ans. Or, durant ces trois ans, l'Ordre, en tant que gardien de l'accès à la profession, a joué un rôle majeur dans la politique d'exclusion des praticiens juifs, "contribuant activement à leur recensement, à leur dénonciation et leur spoliation", pointe l'AP-HP dans un communiqué.
Pour le remplacer, l'institution parisienne a choisi le nom d'un autre illustre chirurgien, urologue, le Pr Ady Steg. Fils d'un immigré juif tchécoslovaque déporté à Auschwitz en 1942, Ady Steg, âgé de 17 ans, échappe à la Rafle du Vel d'Hiv grâce à de faux papiers. Passé en zone libre, il entre dans la Résistance.
Il débute sa carrière à l’AP-HP comme interne en 1953 dans le service du Pr Pierre Aboulker à l’hôpital Cochin, retrace le communiqué. "Il devient chef de clinique en 1957 et chirurgien des hôpitaux de Paris en 1966, puis professeur titulaire de la chaire d'urologie et chef de service en 1976 pendant près de 15 ans." "Sa réputation et son talent ont contribué à établir la notoriété nationale et internationale du service d’urologie de Cochin", salue l'AP-HP. Outre sa carrière médicale, Ady Steg a assumé de nombreuses responsabilités au sein de la communauté juive : il a notamment été président du Conseil représentatif des institutions juives en France (Crif) et de l'Alliance israélite universelle. Membre des académies de chirurgie et de médecine, grand officier de la Légion d'honneur et grand-croix de l'Ordre du mérite, l'urologue est décédé le 11 avril 2021 à l'âge de 96 ans. Présidée par le dermatologue et historien Bruno Halioua, l'Association des médecins israélites de France milite pour que les collectivités qui honorent encore René Leriche (telles Cassis, Perpignan et Strasbourg) accomplissent leur devoir de mémoire en débaptisant les artères qui portent son nom.
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