Dénonçant la "précarité" du statut d'étudiant hospitalier, l'Association nationale des étudiants en médecine (Anemf) a lancé une plateforme de consultation. Les propositions des étudiants témoignent de leurs conditions de travail difficiles.
"L'ambivalence du statut d'étudiant hospitalier, à mi-chemin entre l'étudiant et le salarié, est un piège : au lieu de bénéficier des avantages de ces statuts, nous héritons de leurs inconvénients", estime Yanis Merad, président de l'Anemf. L'organisation étudiante vient de dévoiler les résultats de sa plateforme de consultation, sur laquelle les externes ont pu remonter les problématiques de terrain et déposer leurs doléances. Les propositions portent sur six grandes thématiques:
- Définir clairement les missions de l'étudiant hospitalier
Le décret du 24 juin 2014 spécifie le type de missions pouvant être confiées aux étudiants hospitaliers. Mais sur le terrain, les externes font bien souvent office de brancardiers, de secrétaires, et de personnels administratifs. "Soit les étudiants doivent être déchargés de cette charge de travail inadapté pour se focaliser sur l'apprentissage de la médecine, soit ils doivent être rémunérés à la même échelle que des secrétaires et des brancardiers", exige l'Anemf, qui considère que les tâches médicales, elles, "ne doivent pas être dévoyées". Pas question d'enchaîner la réalisation des ECG en lieu et place d'une infirmière, sans pouvoir bénéficier des lumières d'un médecin senior pour les interpréter.
- Sécuriser le temps de travail
Le temps de travail maximal autorisé est de 48 heures hebdomadaires. Non seulement la réglementation n'est pas appliquée dans bon nombre de services d'urgences, de gynéco et de réanimation, mais elle est inadaptée aux "exigences de la formation" suivie en parallèle, estime l'association étudiante, qui demande l'ouverture d'une concertation sur le sujet, avec l'éventualité d'abaisser la limite légale à 35 heures hebdo. De même, les externes demandent que leurs 30 jours de congés annuels soit garantis et à bénéficier d'une demi-journée de récupération en cas de samedi matin travaillé. L'Anemf remet également en question l'obligation de réaliser 36 mois de stage en DFASM.
- Encadrer les gardes
25 gardes sont obligatoires pour valider le deuxième cycle. Elles doivent avoir lieu en semaine, sur une durée de 12 heures comprise entre 18h30 et 8h30. Dans les faits, les étudiants se voient imposer des gardes le samedi après-midi ou des gardes de 24 heures en semaine alors qu'ils sont censés être à temps partiel. Autant d'"entorses à la réglementation" qui font exploser le temps de travail et qui s'apparentent parfois à du bénévolat. A Angers ou Rennes, par exemple, les "demi-gardes" ne sont pas rémunérées. A Reims, le paiement est étalé sur plusieurs mois. Dans plusieurs régions, les gardes hors CHU ne sont pas payées faute d'accord entre le CHU de rattachement de l'étudiant et l'établissement dans lequel la garde est effectuée. L'Anemf réclame par ailleurs le strict respect du repos de sécurité.
- Revaloriser financièrement le statut
Entre 1.28 euro et 2.76 euros bruts de l'heure. C'est ce que touchent les étudiants de 2ème cycle pour leurs stages. Trop peu pour financer les études de médecine, étant donné l'impossibilité d'avoir un petit boulot à côté. Pour que des étudiants ne se retrouvent pas contraints d'abandonner leur formation, l'Anemf réclame une revalorisation de ces indemnités de stage (à hauteur des stagiaires de l'Enseignement supérieur) et l'accès à la prime d'activité (531 euros).
- Améliorer la qualité pédagogique des stages
Pour protéger les étudiants contre les "dérives individuelles" de certains encadrants et le "chantage à l"invalidation", l'association étudiante juge nécessaire de standardiser davantage les modalités de validation de stages et de rendre obligatoire la formalisation d'une justification pédagogique ou disciplinaire en cas d'invalidation. Elle réclame aussi la prise en compte dans tous les CHU et UFR des évaluations de stage faites par les étudiants.
- Favoriser et faciliter les stages hors CHU
Pour les externes, cela passe nécessairement par une revalorisation de l'indemnité de déplacement (130 euros), jugée beaucoup trop faible lorsque le terrain de stage se trouve à plus de 150 km du CHU de rattachement, par l'organisation de stage temps plein (difficile de revenir l'après-midi à la fac…) et par la mise à disposition de solutions d'hébergement.
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