Le Pr Olivier Hanon (hôpital Broca, Paris) rappelle à ce sujet les critères de sélection des patients inclus dans les essais cliniques, comme un MMSE compris entre 22 et 30 pour le lécanémab et entre 20 et 28 pour le donanémab, ainsi qu’une amylopathie prouvée (LCR, TEP amyloïde) et aussi les divers critères d’exclusion, parmi lesquels de nombreux types de lésions à l’IRM (microsaignements, microangiopathie cérébrale sévère, état multilacunaire, infarctus cérébral récent…) et un suivi impossible par ce type d’imagerie. Le spécialiste pointe également la survenue possible d’Aria (Amyloid Related Emaging Abnormalities) de type E (oedèmes) ou H (microhémorragie), visibles à l’IRM, heureusement accompagnés rarement (0,6%) de symptômes cliniques. D’autres points à prendre en compte sont représentés par davantage d’ARIA-H chez les sujets homozygotes ApoE4-E4, un risque majoré de macro-hémorragies cérébrales chez des patients sous anticoagulant et les hypertensions artérielles mal contrôlées (en France, seulement un hypertendu sur quatre est convenablement contrôlé).
Au total, la proportion de patients éligibles apparaît actuellement faible, souligne le Pr Hanon : 12% selon une étude italienne et 8% d’après une étude américaine.
"Dans ce contexte, il va falloir étayer les conditions médicales justifiant les contre-indications et savoir expliquer aux patients et à leur entourage les restrictions d’indication de ces produits", souligne le Pr David Wallon (Centre mémoire de ressources et de recherche de Rouen). "Cela implique notamment une meilleure compréhension de la maladie et de ses différents stades par tous les acteurs, ainsi que de poser les limites des interventions thérapeutiques", poursuit ce dernier.
Le défi du diagnostic précoce
"Ralentir d’environ 30% l’évolution d’une maladie d’Alzheimer par des anticorps anti-amyloïde administrés à un stade clinique précoce est un résultat inespéré", souligne la Dre Claire Paquet (hôpital Lariboisière, Paris). "Pour autant, une seule molécule ne saurait traiter une pathologie qui évolue silencieusement une vingtaine d’années avant l’apparition des premiers symptômes."
S’agissant des Aria, le Dre Paquet invite à n’en pas surestimer le risque, tout en les surveillant bien sûr, en appelant également à lever l’ambiguïté entre les images IRM d’Aria et leur traduction clinique.
Parmi les défis identifiés par le médecin, le premier est représenté par le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer, dans lequel les médecins traitants sont appelés à jouer un grand rôle, souligne-t-elle, suivi par la gestion du nombre de patients demandeurs, en n’oubliant pas que les troubles de la mémoire ne se résument pas à la maladie d’Alzheimer et incluent aussi notamment la dépression, l’insomnie, les apnées du sommeil, l’insuffisance cardiaque, l’insuffisance rénale ou encore l’alcoolisme. De ce point de vue, l’avènement des biomarqueurs sanguins devraient changer les choses.
D’autre part, le suivi IRM devra aussi être rationnalisé.
"La disponibilité des premiers anticorps anti-amyloïde devrait s’accompagner d’un certain temps de démarrage, mettant d’abord à contribution les centres experts, puis les 450 consultations mémoire couvrant le territoire français, ce qui nous permettra de nous organiser afin de pouvoir traiter par la suite un grand nombre de patients", conclut le Dre Paquet.
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