Alzheimer : le donanemab efficace sur la progression de la maladie dans une étude de phase 3

19/07/2023 Par Marielle Ammouche
Pharmacologie
De nouveaux résultats montrent que le donanemab pourrait freiner l’évolution de la maladie d’Alzheimer (MA).
 

Le donanemab est un anticorps monoclonal qui cible spécifiquement les dépôts de plaques amyloïdes. À la conférence internationale de l'association Alzheimer (AAIC, juin 2023), ont ainsi été présentés les résultats de Trailblazer-ALZ 2, une étude de phase 3, en double aveugle, contrôlée par placebo visant à évaluer l'innocuité et l'efficacité du donanemab chez les participants âgés de 60 à 85 ans atteints de la maladie d'Alzheimer à un stade précoce et symptomatique (troubles cognitifs légers ou démence légère due à la maladie d'Alzheimer) avec la présence d'une neuropathologie confirmée de la maladie d'Alzheimer. Ces résultats ont aussi été publiés dans la revue Journal of the American Medical Association (Jama). Au total, 1736 participants ont été recrutés, dans 8 pays. L’étude a montré que le donanemab permet de ralentir le déclin cognitif et fonctionnel chez les personnes atteintes de MA symptomatique précoce, et ce, quel que soit leur niveau de protéine tau de base. Il s’agit de la première étude de phase 3 avec ce type de traitement. Les participants ont été classés en fonction de leur niveau de protéine tau. Ils ont ensuite été évalués au bout de 18 mois, à l’aide de 2 échelles mesurant à la fois les capacités cognitives et fonctionnelles : la integrated Alzheimer's Disease Rating Scale (iADRS) et la Clinical Dementia Rating-Sum of Boxes (CDR-SB). Pour l’ensemble des participants, le traitement par donanemab a significativement ralenti le déclin de 22 % sur iADRS et de 29 % sur CDR-SB, par rapport au placebo ; et plus encore chez les participants présentant des taux faibles à moyens de protéine tau (35% sur l’échelle iADRS et de 36% sur l’échelle CDR-SB). Des analyses en sous-groupes ont ensuite été effectuées. Elles ont alors mis en évidence que l’efficacité du traitement a été la plus importante chez les patients aux stades les plus précoces de la MA. Ainsi, chez ceux atteints de troubles cognitifs légers (n = 214), le donanemab a ralenti le déclin de 60 % sous iADRS et de 46 % sous CDR-SB. Pour les personnes atteintes de démence
légère (n = 534), l’efficacité était de 30 % et 38 %, respectivement. Et en considérant l’âge et le niveau de protéine tau, les auteurs ont montré que l’efficacité du donanemab était plus grande chez les participants ayant un tau faible à moyen et ayant moins de 75 ans (n ​​= 542) : ralentissement de 48 % sous iADRS et de 45 % sous CDR-SB, contre 25 % et 29 % chez les 75 ans et plus (n = 551). En outre, l'effet global du traitement du donanemab a continué de croître tout au long de l'essai, les différences les plus importantes par rapport au placebo étant observées à 18 mois. Enfin, le traitement par donanemab a réduit la plaque amyloïde en moyenne de 84 % à 18 mois, contre une diminution de 1 % pour les participants sous placebo. « Les participants traités avec le donanemab présentaient également un risque réduit de 39 % de passer au stade clinique suivant de la maladie au cours de l'essai de 18 mois. Ce retard de progression signifiait qu'en moyenne, les participants traités par donanemab disposaient de 7,5 mois supplémentaires avant d'atteindre le même niveau de déclin cognitif et fonctionnel sous CDR-SB par rapport à ceux sous placebo »,  ajoute le laboratoire Lilly dans un communiqué. « Ces résultats démontrent que diagnostiquer et traiter les personnes plus tôt au cours de la maladie d'Alzheimer peut conduire à un plus grand bénéfice clinique, a déclaré Liana Apostolova, M.D., (Université d'Indiana). Le retard de progression de la maladie au cours de l'essai est important et donnera aux gens plus de temps pour faire des choses qui ont du sens pour eux ». Concernant les effets secondaires, l'incidence des anomalies d'imagerie liées à l'amyloïde (Aria) était cohérente avec les études précédentes : 36,8% dans le groupe donanemab, contre 14,9 % dans le groupe placebo.

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