Depuis de nombreuses années, les avancées thérapeutiques sur la maladie d’Alzheimer stagnent. Et si plusieurs hypothèses semblent intervenir pour expliquer la physiopathologie de cette maladie (plaques β-amyloïdes, protéine tau, lipides, immunité…), de nombreux chercheurs évoquent l’idée qu’il manque un facteur déclenchant. Parallèlement, plusieurs données concernant d’autres pathologies neurologiques dégénératives ont mis en évidence des facteurs causaux infectieux. En particulier, en janvier 2022, des chercheurs américains ont démontré, dans une étude publiée dans la revue Science, que le virus d’Epstein-Barr (EBV) est nécessaire au déclenchement de la sclérose en plaques (SEP). En outre, la pandémie de Covid a montré à quel point l’inflammation liée à une maladie infectieuse pouvait avoir des conséquences variées et multiples.
Dans ce contexte, des scientifiques ont eu l’idée de rechercher tous les liens existants entre maladies neurodégénératives et expositions virales. Pour cela, ils ont utilisé les données de deux bases de ressources : le projet FinnGen et la UK Biobank (UKB). FinnGen est une biobanque nationale finlandaise comprenant les données de génotypage de plus de 300 000 individus, alors que UKB, présente les données de génotypage de près de 500 000 personnes au Royaume-Uni. En outre, pour servir de témoins, les auteurs ont utilisé un sous-ensemble de près de 100 000 individus appariés selon l'âge (âge initial supérieur à 60 ans). Les pathologies neurologiques prises en compte comprenaient la maladie d'Alzheimer (MA), la sclérose latérale amyotrophique (SLA), la démence généralisée (DEM), la démence vasculaire (VAS), la maladie de Parkinson (MP) et la sclérose en plaques (MS).
Lien avec l’encéphalite
Les auteurs ont alors identifié 45 expositions virales dans les données de FinnGen significativement associées à un risque de développer ultérieurement une maladie neurodégénérative ; et 22 de ces associations ont été confirmées dans les données de l'UKB.
La plus grande association était celle entre l'exposition à l'encéphalite virale et la maladie d'Alzheimer, avec un hazard ratio de 31. La grippe (avec ou sans pneumonie) était le critère viral le plus fréquemment en cause ; elle était significativement associée à cinq des six maladies neurodégénératives étudiées. On retrouvait aussi des associations significatives avec l'encéphalite virale, les infections intestinales et le virus varicelle-zona. Enfin, ce travail a aussi permis de confirmer l'association entre virus d’Epstein-Barr et sclérose en plaques. Les auteurs précisent que "certaines de ces expositions étaient associées à un risque accru de neurodégénérescence jusqu'à 15 ans après l'infection".
Les auteurs concluent que "comme des vaccins sont actuellement disponibles pour certains des virus associés, la vaccination peut être un moyen de réduire certains risques de maladies neurodégénératives". Ils soulignent aussi que, "à la lumière de la pandémie actuelle de coronavirus, nos résultats illustrent la nécessité de prendre au sérieux les données sur les symptômes neurologiques accompagnant les expositions virales, et de surveiller les patients à risque pour découvrir s'ils seront plus à risque de maladie neurodégénératives à l'avenir".
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