Une étude, réalisé dans le cadre des enquêtes Capacités, aides et ressources des seniors (Care) menées par la Drees en 2015 et 2016 auprès de personnes de 60 ans ou plus, a comparé, en fonction de l’âge, les profils des séniors vivant en institution par rapport à ceux étant restés à domicile. Les résultats confirment des données - qui avaient d’ailleurs déjà été suggérées dans de précédentes études – à savoir que les personnes en établissement, et "surtout les plus jeunes", soulignent la Drees, sont plus isolées sur le plan familial et plus défavorisées sur le plan économique que les personnes à domicile.
Ainsi, près d’1 sénior de plus de 75 ans sur 10 vit en établissement d’hébergement. Ils ont, en moyenne 86 ans, et ce sont, pour les trois quarts, des femmes. Sur le plan familial, les séniors en établissement apparaissent moins entourés : 1 sur 4 en établissement n’a aucun enfant en vie (contre 1 sur 10 à domicile), et 1 sur 3, aucun petit-enfant (contre 1 sur 5).
Ils sont aussi issus de catégories socio-professionnelles plus défavorisées. Les établissements comptent ainsi une proportion d’ouvriers, et de personnes sans profession beaucoup plus importante, en particulier chez les hommes de moins de 80 ans (11% contre 0,2% à domicile, pour cette dernière catégorie). "Ce pourcentage très important peut indiquer qu’il s’agit de personnes ayant eu un handicap avant leur entrée en établissement, ou des difficultés d’insertion les ayant maintenus dans l’inactivité, et souligne encore une fois la plus grande vulnérabilité sociale de ces résidents les plus jeunes", souligne la Drees. Les revenus et les niveaux de vie sont aussi plus élevés pour les séniors à domicile. Cela s’observe particulièrement jusqu’à 75 ans ; puis les niveaux se rapprochent.
L’étude souligne, par ailleurs, l’importance des troubles moteurs, chez les personnes vivant en institution. Ils sont présents dès 60 ans, et se manifestent par des difficultés à se pencher, s’agenouiller, monter un escalier, ou porter une charge lourde. Sur le plan cognitif aussi, les difficultés (troubles de mémoire, difficultés à comprendre, à résoudre un problème, …) sont plus fréquentes en établissement qu’à domicile. "Les personnes de moins de 75 ans en établissement ont donc des limitations particulièrement importantes pour leur âge, tandis que les résidents les plus âgés ont des limitations sensorielles et physiques proches des personnes vivant à domicile, mais bien plus de limitations cognitives", résume la Drees. En conséquence, il y a un taux élevé de personnes sous protection juridique en établissement (supérieur aux deux tiers pour les résidents de moins de 75 ans).
Pour la Drees, il existe donc deux populations en institution, avant et après 75 ans environ, très différentes ; ce qui interroge sur l’accueil en un même lieu, et selon les mêmes modalités. "On trouve ainsi, parmi les plus jeunes résidents d’Ehpad, des personnes handicapées vieillissantes, aux besoins d’aide assez importants, ou des personnes présentant des troubles psychiques. Les besoins de ces publics sont différents, leur prise en charge n’implique pas les mêmes tâches et pas nécessairement la même charge de travail, ce qui a des conséquences sur l’organisation des établissements et de leur personne", ajoutent les auteurs. Et, à l’heure "virage domiciliaire", ces données posent aussi de nombreuses questions concernant les modalités d’un maintien à domicile de ces populations.
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