La Société française d’ORL a réactualisé ses recommandations sur l’amygdalectomie de l’enfant, lesquelles dataient de 2009. Cette chirurgie sera proposée en cas d’hypertrophie amygdalienne responsable de troubles respiratoires obstructifs du sommeil. « Mais, la clinique suffit et il n’est pas utile en l’absence de comorbidité de réaliser une polysomnographie », a mentionné le Dr Éric Moreddu, ORL pédiatre à l’hôpital de la Timone à Marseille. La nasofibroscopie est importante pour rechercher une obstruction locale notamment par hypertrophie des végétations qui conduira à pratiquer en plus une adénoïdectomie. D’autres indications plus rares que le SAOS de l’enfant sont représentées par les troubles de la déglutition (dysphagie aux gros morceaux), de la phonation (voix oropharyngée), du développement oro-facial, l’existence d’une angine aiguë dyspnéïsante souvent d’origine mononucléosique, d’une glomérulonéphrite à Ig A. On opérera aussi sans délai les enfants avec une tuméfaction amygdalienne unilatérale, suspecte de malignité. En revanche, les ronflements simples ne nécessitent pas une amygdalectomie. Les indications infectieuses ont aussi reculé du fait de la possibilité de diagnostiquer les angines à streptocoques bêta-hémolytiques du groupe A avec les tests de diagnostic rapide, a expliqué le Pr Émmanuel Lescanne, ORL pédiatre au CHRU de Tours. De fait, l’amygdalectomie ne doit plus être pratiquée aujourd’hui s’il y a eu moins de 7 épisodes infectieux de pharyngite récidivante au cours de la dernière année, ou encore moins de 5 épisodes par an sur les 2 dernières, moins de 3 épisodes par an sur les 3 dernières. L’amygdalectomie pourra être réalisée par voie...
extracapsulaire ou intracapsulaire (ablation du tissu amygdalien dépassant des piliers) « technique qui a la même efficacité sur le SAOS mais réduit les saignements et la douleur en post-opératoire », a indiqué le Dr Moreddu. L’acte chirurgical peut être effectué en ambulatoire. Les enfants devront être suivis à moyen et long terme en raison d’un risque de SAOS résiduel ou d’une récidive due à la repousse amygdalienne ou adénoïdienne.
Le SAOS se rencontre chez 4 à 6 % des adolescents, et survient souvent de novo, a expliqué le Dr Marie-Françoise Vecchierini, spécialiste du sommeil à l’Hôtel-Dieu de Paris. Il est plus fréquent en cas de sexe masculin, de surpoids, chez des jeunes antérieurement opérés des amygdales et des végétations.
La symptomatologie peut être classique (ronflements, respiration laborieuse) mais aussi trompeuse : sommeil de mauvaise qualité, céphalées, mauvais résultats scolaires…
« La prise en charge est d’abord médicale : traitement médicamenteux ou par désensibilisation d’une rhinite associée, ce qui peut améliorer la respiration ; traitement du surpoids, consignes d’hygiène de sommeil », a souligné le Dr Nathalie Aisenberg (Pavillons-sous-Bois, 93)
La chirurgie ORL (amygdalectomie ou de réduction amygdalienne), orthognatique (avancée du maxillaire supérieur ou inférieur), les traitements orthodontiques, la rééducation peuvent également être proposés selon les étiologies.
« Le traitement par pression positive continue (PPC) a peu d’indications, mais pourra être envisagé, dans les SAOS sévères persistant après adéno-amygdalectomie, en thérapeutique provisoire d’un traitement ortho-chirurgical, ou encore chez des adolescents avec une obésité dans l’objectif d’améliorer le syndrome métabolique », a expliqué le Dr Aisenberg.
D’après les communications de : M-F. Vecchierini (Paris), N. Aisenberg (Pavillons-sous-Bois, 93).
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