VIH en France : des progrès trop lents

15/07/2020 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Malgré une tendance générale à la baisse, certaines régions et groupes concentrent un nombre important de nouveaux diagnostics.
 

L’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) a publié le 8 juillet les dernières données épidémiologiques concernant l’évolution de l’infection par le VIH en France. Ce document dresse un tableau de l’infection entre 2013 et 2018. Il s’appuie sur l’ensemble des données issues des systèmes de surveillance, des enquêtes et des travaux de modélisation. Si un recul de l’épidémie est observé depuis 2020, les auteurs alertent sur les inégalités qui existent entre les régions, et entre les populations. Ainsi, l’épidémie se concentre en Île-de-France, qui regroupe 40 % des nouveaux diagnostics en 2018, et dans deux populations : les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) où l’on trouve 41,6 % des nouveaux diagnostics, et les populations nées à l’étranger, notamment les personnes hétérosexuelles nées en Afrique subsaharienne (32,5 % des nouveaux diagnostics). Les femmes et les hommes hétérosexuels nés en France représentent, quant à eux, 14,2 % des nouveaux diagnostics en 2018. Au chapitre des points positifs : le nombre global de nouvelles infections, qui est en baisse depuis 2017. Les nouveaux diagnostics ont ainsi diminué de 7 % en 2018 par rapport à 2017 (6 155 contre 6 583). Des progrès ont par ailleurs été constatés dans toutes les composantes de la prévention combinée, qui comprend à la fois le dépistage, le traitement antirétroviral, la prévention par le préservatif et par la PrEP.

L’activité de dépistage, tout d’abord, est en hausse. Le nombre de tests sérologiques a augmenté de 11 à 14 % selon les régions entre 2013 et 2018, avec, en 2018, un taux de résultats positifs en baisse au niveau national et en Île-de-France, mais stable ailleurs. Les dépistages en centres gratuits sont stables au cours des trois dernières années, de même que les tests rapides d'orientation diagnostique (Trod), ainsi que les autotests, avec cependant une augmentation récente de ces derniers du fait de la mise sur le marché d’un produit moins cher. Les chercheurs estiment que...

« les délais entre l’infection et le diagnostic sont encore trop longs dans tous les groupes. Plusieurs milliers de personnes vivent avec une infection méconnue et potentiellement transmissible. Cependant, à l’exception des HSH nés à l’étranger et des femmes nées en Afrique subsaharienne, leur nombre baisse dans tous les autres groupes, mais pas assez vite pour réduire rapidement la population infectée et non diagnostiquée ».   Vigilance sur les conduites à risque Concernant la prévention, il existe, dans la population HSH ayant des partenaires occasionnels, une baisse de l’utilisation du préservatif ces dernières années avec les partenaires occasionnels. En revanche, le niveau de protection a augmenté avec la PrEP, en particulier à Paris sous l’impulsion de l’essai ANRS Ipergay et de la mise en place de la cohorte ANRS Prévenir. Et l’avenir est porteur d’espoir dans ce domaine avec le renouvellement (et bientôt l’initiation) des prescriptions en médecine de ville. « Le déploiement plus rapide de la PrEP, depuis la deuxième moitié de l’année 2018, notamment en dehors de l’Île-de-France, devrait avoir un impact sur les chiffres de l’épidémie en 2019 et en 2020 » espère l’ANRS. Dans ce domaine, les auteurs du rapport soulignent la nécessité de développer l’usage de la PrEP chez les hétérosexuels qui en ont besoin, au moyen d’une promotion, jugée jusqu’ici inexistante.

Ils concluent que « l’accélération de la baisse de l’épidémie dans les différents groupes doit être favorisée par un choix plus volontariste dans le cadre de programmes locaux et adaptés au contexte. La performance globale de la prévention combinée (accès effectif au dépistage, au traitement et à la PrEP) sera déterminante pour parvenir au contrôle de l’épidémie ». L’objectif d’arrêt de la transmission du VIH d’ici 2030 reste d’actualité si les programmes reprennent après la crise sanitaire et innovent.

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Michel Lemariey-Barraud

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