Cet homme de 40 ans, diagnostiqué en 2003 ne présente, en effet, plus aucun signe biologique de la maladie depuis 30 mois, date de l’arrêt de ses traitements. Après une étape de « rémission », déclarée il y a un an, les médecins britanniques s’autorisent donc désormais à employer le terme de « guérison » dans l’étude publiée dans The Lancet HIV, sur ce cas. « Nous suggérons que nos résultats représentent une guérison du VIH », écrivent-ils, après avoir confirmé la négativité du virus dans divers tissus (sang, sperme…). « Nous avons testé un nombre assez considérable de lieux où le virus aime se cacher et pratiquement tout était négatif », hormis quelques restes « fossiles » de virus non actif, a expliqué à l'AFP le Pr Gupta de l’université de Cambridge. « C'est difficile d'imaginer que toute trace d'un virus qui infecte des milliards de cellules a été éliminée », s'est-il réjoui.
Comme le « patient de Berlin » considéré guéri en 2011, ce « patient de Londres » a subi une greffe de moelle osseuse dans le cadre d’un traitement pour un lymphome de Hodgkin. Il a ainsi reçu des cellules souches de donneurs porteurs d'une mutation génétique rare, CCR5, qui confère une immunité naturelle au virus. « D'autres patients ont bénéficié d'un traitement similaire, mais aucun n'est aussi loin dans la rémission (...). Il y en aura probablement d'autres, mais cela prendra du temps », a ajouté le Pr Gupta. Mais les chercheurs reconnaissent que pour l'instant leur méthode n'est pas une solution pour les millions de personnes qui vivent avec la maladie dans le monde. Cette procédure est en effet lourde et comprend des risques non négligeables. « Il faut mettre en balance le taux de mortalité de 10% pour une transplantation de cellules souches et le risque de mort si on ne fait rien », explique le Pr Gupta. Prudence « Un travail tel que celui-là est important pour le développement de stratégies de traitement qui pourraient être applicables plus largement », a toutefois commenté le Dr Andrew Freedman, de l'université de Cardiff, pas impliqué dans l'étude.
D'autres scientifiques sont en revanche plus prudents. « Le patient de Londres est-il vraiment guéri ? », s'est interrogée Sharon Lewin, de l'université de Melbourne. « Les données (...) sont bien entendu excitantes et encourageantes, mais au final, seul le temps nous le dira », a-t-elle noté, estimant qu'il faudrait « plus qu'une poignée de patients guéris du VIH » pour évaluer la « probabilité d'une reprise tardive et inattendue d'une réplication du virus ». Le « patient de Londres » va d'ailleurs continuer à être testé régulièrement pour surveiller une possible réémergence du virus.
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