Traitement hormonal de la ménopause : un usage limité mieux précisé, en raison d’un sur-risque de cancer du sein

11/10/2019 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme Gynécologie-Obstétrique
Les données concernant le risque de cancer du sein selon les types de traitement hormonal de la ménopause (THM) sont variables et les informations sur les effets à long terme limitées.

Ceci a conduit un groupe collaboratif sur les facteurs hormonaux dans le cancer du sein (Collaborative Group on Hormonal Factors in Breast Cancer) à rassembler les arguments épidémiologiques publiés et non publiés sur ces associations et à faire une revue des données provenant des études randomisées. Les analyses principales ont porté sur les données individuelles des participantes provenant de toutes les études prospectives éligibles qui avaient cherché des informations sur le type et sur le moment de l’utilisation du THM. Les analyses principales portaient sur les sujets pour lesquels une information complète était donnée sur ces deux éléments. Les études allaient de 1992 à 2018. Il a été considéré que les utilisatrices actuelles comprenaient les femmes jusqu’à 5 ans (en moyenne 1.4 année) après la dernière utilisation de THM. Au cours du suivi prospectif, 108 647 femmes ménopausées ont développé un cancer du sein à un âge moyen de 65±7 ans. 55 575 (51 %) avaient utilisé un THM. Chez les femmes pour lesquelles on disposait d’informations complètes, la durée moyenne du THM était de 10±6 ans chez les utilisatrices actuelles et de 7±6 ans chez les anciennes utilisatrices de THM et l’âge moyen était de 50±5 ans au moment de la ménopause et de 50±6 ans au moment du démarrage du THM. Chaque type de THM, sauf les estrogènes vaginaux, était associé à une augmentation du risque de cancer du sein nettement associé à la durée d’utilisation. Cette augmentation du risque était supérieure chez celles qui utilisaient l’association estrogène/progestatif en comparaison de celles qui utilisaient des estrogènes seuls. Parmi les utilisatrices actuelles, ces excès de risque apparaissaient durant les années 1 à 4 (risque relatif sous estrogènes et progestatifs = 1.6 ; IC 95 % = 1.52 à 1.69 ; risque relatif sous estrogènes seuls = 1.17 ; 1.10 à 1.26) et étaient 2 fois plus importants au cours des années 5 à 14 (risque relatif des estrogènes associés aux progestatifs = 2.08 ; 2.02 à 2.15 ; risque relatif sous estrogènes seuls = 1.13 ; 1.28 à 1.37). Les risques associés aux combinaisons d’estrogènes et de progestatifs au cours des années 5 à 14 étaient supérieurs lorsque les progestatifs étaient utilisés de manière quotidienne en comparaison des progestatifs utilisés de manière moins fréquente (RR = 2.3 ; 2.21 à 2.4 vs 1.93 ; 1.84 à 2.01 ; p < 0.0001). Pour une préparation donnée, les risques relatifs au cours des années 5 à 14 en cas d’utilisation actuelle étaient plus importants pour les tumeurs positives aux récepteurs des estrogènes que pour les tumeurs négatives aux récepteurs des estrogènes et étaient similaires chez les femmes qui avaient démarré le THM aux âges de 40 à 44 ans, 45 à 49 ans, 50 à 54 ans et 55 à 59 ans ; ils étaient atténués si le traitement était démarré après l’âge de 60 ans ou en cas d’adiposité (avec un petit risque pour les estrogènes seulement chez les femmes qui étaient obèses). Après arrêt du THM, il persistait un excès de risque pendant plus de 10 ans dont l’importance dépendait de la durée de l’utilisation préalable avec un petit excès de risque lorsque l’utilisation du THM avait duré moins d’un an. Si ces associations sont principalement causales cela signifie que, pour les femmes de poids moyen vivant dans les pays développés, 5 ans d’utilisation du THM à partir de l’âge de 50 ans augmenteraient l’incidence du cancer du sein aux âges de 50 à 69 ans d’environ 1 cas pour 50 utilisatrices d’une préparation associant estrogènes et progestatifs quotidiens, d’1 cas pour 70 utilisatrices d’une préparation associant estrogènes et progestatifs intermittents et d’1 cas pour 200 utilisatrices de préparations contenant des estrogènes simples. Les excès correspondants pour 10 ans d’utilisation du THM seraient environ 2 fois supérieurs.

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