Intolérance au glucose : les interventions sur le mode de vie permettent de retarder l’apparition du DT2 et sa morbimortalité

17/06/2019 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
Les interventions portant sur le mode de vie peuvent retarder le début du diabète de type 2 chez les patients ayant une intolérance au glucose. Pour autant, cela conduit-il à développer moins de complications ou à augmenter la longévité ?

Afin de répondre à cette question, les chercheurs chinois de la Da Qing Diabetes Prevention Outcome Study ont analysé les effets à long terme sur l’incidence du diabète, de ses complications et de la mortalité, d’une intervention sur l’hygiène de vie chez des sujets ayant une intolérance au glucose. L’étude originale a commencé en 1986 et a impliqué 33 centres cliniques de Da Qing en Chine. Les sujets étaient assignés de manière randomisée, soit à une absence de prise en charge particulière (groupe témoin), soit à l’une des trois interventions suivantes : régime seul, exercice seul ou régime + exercice, et cela pendant 6 ans chez 577 adultes ayant une intolérance au glucose. Les participants ont été suivis pendant 30 ans afin d’évaluer les effets de l’intervention sur l’incidence du diabète, les événements cardiovasculaires, les complications microvasculaires, les décès par complications cardiovasculaires, la mortalité globale ou l’espérance de vie.  Sur 577 participants, 438 ont été assignés au groupe intervention et 138 au groupe témoin. Après 30 ans de suivi, 540 (94 %) des 576 participants ont pu être évalués (135 dans le groupe témoin, 405 dans le groupe intervention). Au cours des 30 années de suivi, en comparaison des témoins, le groupe d’intervention combinée voyait le diabète survenir en moyenne 3.96 ans plus tard (IC 95 % = 1.25 à 6.67 ; p = 0.0042) en comparaison du groupe témoin. Ils avaient aussi moins d’événements cardiovasculaires (hazard ratio = 0.74 ; 0.59 à 0.92 ; p = 0.060), avaient une incidence inférieure de complications microvasculaires (HR = 0.65 ; 0.45 à 0.95 ; p = 0.025), avaient moins de décès cardiovasculaires (HR = 0.67 ; 0.48 à 0.94 ; p = 0.022), avaient moins de décès quelle qu’en soit la cause (HR = 0.74 ; 0.61 à 0.89 ; p = 0.0015) et avaient une augmentation de l’espérance de vie en moyenne de 1.44 année (0.20 à 2.68 ; p = 0.023).  En conclusion, dans cette population chinoise, les interventions sur l’hygiène de vie, qu’il s’agisse du régime et/ou de l’exercice, chez les sujets qui ont une intolérance au glucose, retardent le début du diabète et réduisent l’incidence des événements cardiovasculaires, des complications microvasculaires et de la mortalité cardiovasculaire et globale et augmentent l’espérance de vie. Tout ceci justifie donc la poursuite de ce type d’intervention pour prévenir le diabète et ses complications. 

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Michel Lemariey-Barraud

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