Une mutation du récepteur de la prolactine responsable d’une absence de lait et d’une hyperprolactinémie

02/01/2019 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
La prolactine (PRL) joue un rôle essentiel sur la production du lait. La prolactine exerce ses effets via un récepteur de la famille des cytokines, le récepteur de la PRL.

Une publication récente dans le N Engl J Med illustre les effets que peut avoir une mutation inactivatrice du récepteur de la PRL. Il s’agissait d’une femme de 35 ans connue pour avoir une hyperprolactinémie depuis l’âge de 28 ans, âge auquel elle avait consulté un gynécologue après un an d’infertilité. Un diagnostic d’hyperprolactinémie (prolactinémie à 128 ng/ml) avait été porté. La patiente n’avait pas de galactorrhée. Après insémination artificielle, une grossesse a pu être obtenue et la grossesse s’est passée sans problème si ce n’est un polyhydramnios. La patiente a donné naissance à un garçon de poids normal mais au cours de la grossesse et après l’accouchement, elle n’a jamais eu ni tension mammaire ni galactorrhée. Des cycles menstruels normaux, ovulatoires sont réapparus 14 semaines après la naissance et une deuxième grossesse est survenue 17 mois après la première, sans traitement de l’infertilité cette fois. Après la deuxième grossesse, elle n’a pas, non plus, pu allaiter. La prolactinémie a été confirmée et l’IRM ne montrait pas plus d’image hypophysaire que lors de la première évaluation. La prolactinémie, chez les parents, était normale et la mère de la patiente avait allaité normalement. L’analyse génétique a montré que la patiente était hétérozygote composite pour deux variants entraînant, ensemble, une perte de fonction du récepteur de la PRL. Le premier variant était à l’origine d’un récepteur dont il manquait le domaine transmembranaire et le domaine intracellulaire nécessaires à la transduction du signal intracellulaire. L’autre variant prédisait une protéine de longueur normale mais avec une substitution d’un acide aminé responsable d’une incapacité de phosphoryler stade 5. La fonctionnalité de ce double hétérozygote était effectivement altérée alors que chacun des deux variants, à l’état hétérozygote chez les parents, n’était responsable d’aucune anomalie. Ce tableau, parfaitement expliqué par le phénotype clinique (hyperprolactinémie sans troubles des cycles mais avec absence de lactation), est tout à fait cohérent avec les travaux préalables réalisés chez les souris déficitaires en récepteur de la prolactine fonctionnelle et qui ne peuvent pas allaiter.

Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?

M A G

M A G

Non

Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus

0 commentaire
16 débatteurs en ligne16 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête
Soirées d'intégration en médecine : le bizutage a-t-il vraiment disparu ?
02/10/2024
2
Concours pluripro
Maisons de santé
Objectif 4000 maisons de santé : les enjeux des prochaines négociations conventionnelles
07/11/2024
2
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
5
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2