Qualité de vie au travail des soignants : le Ministère de la Santé met en place un observatoire
De nombreux travaux ont montré qu’il existe un lien fort entre qualité de vie au travail des professionnels de santé et qualité des soins. Or il existe une morbidité particulièrement élevée chez les professionnels de santé, qu’ils soient en activité ou en formation. Cela est lié à la nature même de l’activité médicale (confrontation avec la souffrance et la mort, prises en charge impliquant l’entrée dans l’intimité des patients, etc.) et/ou à l’organisation et à la charge de travail.
"Différents facteurs rendent les professionnels de santé vulnérables : demande de performance, image du soignant infaillible, valeurs d’engagement et d’abnégation, injonctions contradictoires, dispositifs de soin complexes et évolutifs, tensions démographiques, insécurité, etc.", détaille la Haute autorité de santé (HAS, Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel ou burnout, mai 2017). Et force est de constater que les médecins consultent rarement un confrère et ont plutôt tendance à s’autodiagnostiquer et s’autotraiter. C’est pourquoi plusieurs expériences ont été menées dans divers établissement de santé. Plus précisément 12 projets d’actions collectives – regroupements de 5 à 8 établissements autour d’une problématique commune appelés "clusters" – ont été mis en œuvre au sein de 11 régions en 2016, impliquant 80 établissements. Ils ont été complétés en 2017 par 17 projets au sein de 13 régions, impliquant 110 établissements soit près de 200 au total. Un séminaire de restitution de ces expérimentations, intitulé "La qualité de vie au travail au service de la qualité des soins : imaginer, c’est expérimenter", et auquel assistait la Ministre de la santé Agnès Buzyn, a eu lieu le 11 septembre. Il en ressort que ces expériences s’inscrivent aussi bien dans des projets de réorganisation (fusions, GHT…) que dans l’optimisation de l’offre de soins (gérontologie, HAD, chirurgie ambulatoire…). "Condition de réussite à encourager : une culture managériale qui laisse aux équipes un espace pour s’organiser et un pouvoir d’agir sur leur périmètre de responsabilités, souligne la HAS. Autre condition : le décloisonnement des acteurs et la pluri-professionnalité qui permet de mobiliser les ressources venant des différents corps de métier. Désormais, l’objectif est de généraliser ces démarches à tout le territoire". Lors de ce colloque, Agnès Buzyn a annoncé la mise en place d’un observatoire porté par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), la HAS et la Direction générale de l’offre de soins (Dgos) sera mis en place pour engager de nouvelles pistes de réflexion et d’amélioration, ainsi que le lancement d’une médiation nationale, renforcée en région est progressivement déployée. Lors de ce colloque ont aussi été présentés de nouveaux outils à destination des établissements de santé : un "guide la qualité de vie au travail au service de la qualité des soins" ; un outil intitulé La Boussole, qualité de vie au travail", permettant de réaliser un premier état des lieux et de repérer les points forts et les points faibles de l’établissement ; et des documents pour développer des espaces de discussion sur le travail dans les établissements de santé, ou un reportage photo permettant d'identifier et de prioriser les situations à améliorer.
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