Mucoviscidose : les pistes thérapeutiques se multiplient

21/06/2017 Par Marielle Ammouche
Pneumologie

L’espoir actuellement est de pouvoir étendre les traitements spécifiques à l’ensemble des génotypes de la maladie, ainsi qu’aux jeunes enfants.

Maladie génétique grave, la mucoviscidose touche actuellement 1 naissance sur 4250, ce qui fait que l’on compte 6 500 personnes malades en France. Le visage de cette maladie s’est largement modifié ces dernières décennies du fait du développement des traitements symptomatiques et de la greffe pulmonaire, qui concerne 100 patients chaque année. Ainsi, l’espérance de vie à la naissance est de 50 ans aujourd’hui, alors que "hier encore, [elle] était de 7 ans à peine", rappelle Pierre Guérin, président de l’association Vaincre la Mucoviscidose. "54% [des patients] sont des adultes et leur qualité de vie s’est également améliorée", ajoute-t-il. 500 patients ont plus de 40 ans, selon des données datant de 2012. La prise en charge thérapeutique a été bouleversée en 2012 par l‘arrivée du premier traitement spécifique, l’ivacaftor, qui vise à corriger les défauts fonctionnels de la protéine Cystic fibrosis transmembrane conductance regulator (CFTR). Cette molécule est en fait un canal pour les ions chlorures dont le fonctionnement est altéré en cas de mutations de CFTR, qui a été cloné en 1989. Plus de 2000 mutations de ce gène sont actuellement connues ; la plus fréquente est la F508del pour laquelle 50 % des patients sont homozygotes et 20 % hétérozygotes.   Le temps des association thérapeutiques La correction de la protéine CFTR défectueuse par des agents pharmacologiques s’est avérée une voie thérapeutique très innovante et efficace. Actuellement, deux médicaments modulateurs de CFTR sont disponibles en France : l’ivacaftor donc, un potentiateur de CFTR (Kalydeco, laboratoire Vertex Pharmaceuticals), et une association d’ivacaftor et d’un correcteur, le lumacaftor (Orkambi, Vertex Pharmaceuticals). De nouvelles études sont en cours concernant ces traitements visant d’une part, à pouvoir traiter plus tôt les malades, dès leur plus jeune âge et, d’autre part, à améliorer leur efficacité et leur tolérance dans la "vraie vie". "Les nouvelles sont encourageantes sur ces deux fronts, assure Vaincre la Mucoviscidose, avec notamment l’annonce fin février 2017 de l’accès en France à Kalydeco pour les enfants de 2 à 5 ans". En outre, les résultats de deux études de phases trois sont porteurs d’espoirs. Elles portent sur l’association d’ivacaftor et d’un nouveau correcteur, le tezacaftor. L’association de ces deux molécules a démontré être efficace et bien tolérée chez les patients atteints de mucoviscidose âgés d’au moins 12 ans, homozygotes pour la mutation F508del ou porteurs d’une mutation F508del et d’une mutation résiduelle (lorsque la protéine CFTR est bien à la surface de la membrane mais soit elle est partiellement fonctionnelle soit elle est présente en quantité insuffisante). "Cela constitue une avancée importante, en particulier pour les patients hétérozygotes porteurs d’une mutation résiduelle qui - jusqu’à présent – ne bénéficiaient pas d’une opportunité thérapeutique ciblant leur génotype", souligne Vaincre la Mucoviscidose. Une demande d’AMM va être déposée prochainement par le laboratoire Vertex. De nombreuses autres molécules sont par ailleurs testées dans la mucoviscidose, à des stades plus préliminaires : des molécules "repositionnées" (développées pour d’autres pathologies et ayant un potentiel intéressant pour la mucoviscidose) comme le miglustat, la roscovitine ou le riociguat; une molécule qui cible la réparation de l’ARNm, ou encore de nouveaux potentiateurs et correcteurs. De nouveaux types de molécules font aussi leur apparition visant à être associés à d’autres pour amplifier ou stabiliser le CFTR (le PTI-428 ou le cavosonstat). Et une forme modifiée d’ivacaftor, ayant une plus longue durée de vie dans l’organisme est aussi à l’étude. Il permettrait de simplifier les prises (une fois par jour, à la place de deux pour ivacaftor).   Thérapie génique : rien à court terme Si la thérapie génique a un temps été vue comme une piste intéressante, aucun développement clinique n’est actuellement en voie d’aboutissement. 3L’espoir est porté par les travaux de recherche fondamentale pour la mise au point de vecteurs pour le transfert de gènes et par les nouveaux outils de la biologie moléculaire, tels que Crispr/cas9, pour l’édition du génome3? précise Vaincre la Mucoviscidose. Ces techniques sont aujourd’hui utilisées pour mettre au point des modèles animaux, essentiels pour les phases précliniques du développement des solutions thérapeutiques.   Améliorer les traitements symptomatiques A côté de ces traitements spécifiques, plusieurs développements cliniques de nouveaux anti-infectieux, mucolytiques et anti-inflammatoires sont en cours. Fin mars, les résultats de l’essai de phase 2 de l’anti-inflammatoire resunab (Anabasum, laboratoire Corbus Pharmaceuticals) ont été annoncés comme étant encourageants et justifiant une poursuite du développement de cette molécule en phase 3 pour l’indication mucoviscidose. Les résultats d’une autre étude de phase 2 sur un anti-inflammatoire (Acebilustat, développé par Celtaxys) sont attendus prochainement. Plusieurs nouveaux essais sont prévus pour démarrer en 2017 en France, dont un sur un nouvel anti-infectieux développé par le laboratoire Alaxia (ALX-009).   Une stratégie pour 2020 L’association Vaincre la mucoviscidose a présenté le 30 mai dernier sa nouvelle orientation stratégique pour les années à venir. Avec pour thème "Faire gagner la vie", elle a été définie autour de quatre orientations principales : revisiter les priorités de la recherche, accélérer l’amélioration de la prise en charge thérapeutique, promouvoir le mieux-être des patients et de leurs proches, et enfin poursuivre des actions d’alliances, de lobbying et de collecte de fonds toujours plus engagées. L’association lance donc sa nouvelle campagne pour 2017-2019 avec le message : "Elle vit comme elle respire, mal". Et les prochaines Virades de l’espoir se dérouleront le 24 septembre 2017.

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

0 commentaire
8 débatteurs en ligne8 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Enquête
Abandon des études de médecine : enquête sur un grand "gâchis"
05/09/2024
15
"Dans cette vallée, le médicobus ne remplace pas le médecin traitant" mais assure "la continuité des soins"
17/09/2024
2
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2
Podcast Vie de famille
Le "pas de côté" d'un éminent cardiologue pour comprendre le cheminement de son fils apprenti chamane
17/05/2024
0
Rémunération
"Les pouvoirs publics n'ont plus le choix" : les centres de santé inquiets de l'avenir de leur modèle...
07/05/2024
5