Traitement de l’hypophysite : privilégier l’approche conservatrice

29/09/2015 Par Pr Philippe Chanson

L’hypophysite est une pathologie hypophysaire de mieux en mieux connue dont il existe plusieurs types : l’hypophysite lymphocytaire, l’hypophysite granulomateuse et l’hypopohysite xanthomateuse. On suspecte une origine auto-immune, en particulier pour l’hypophysite lymphocytaire (qui survient souvent chez la femme en fin de grossesse ou en post-partum) et pour l’hypophysite granulomateuse. Les problèmes posés par les hypophysites sont de 2 types : déficits hormonaux (liés à la destruction des cellules hypophysaires ou à l’interruption de la régulation hormonale de l’hypophyse par l’hypothalamus) ou compressifs (l’inflammation provoquant une augmentation de la taille de la lésion et la possible compression des structures environnantes comme le chiasma optique). Le traitement de l’hypophysite fait donc souvent appel à la chirurgie et/ou à l’administration de glucocorticoïdes. Pourtant, du fait de l’évolution spontanément favorable de ces hypophysites, au moins au plan « tumoral », actuellement de plus en plus d’experts suggèrent un traitement conservateur, y compris sans administrer de glucocorticoïdes à doses pharmacologiques, l’hydrocortisone étant donnée bien sûr, à dose substitutive lorsque cela est nécessaire. Dans le cadre d’une étude de cohorte rétrospective, le groupe de travail sur l’hypophyse de la Société Allemande d’Endocrinologie a initié une enquête sur l’hypophysite en Allemagne de manière à recueillir les histoires cliniques et la prise en charge. Au total, 76 patients ayant une hypophysite ont été inclus dans cette étude. L’évolution a été marquée par une diminution du volume de la lésion dans 46 % des cas, une absence de variation dans 27 % des cas et une progression dans 27 % des cas. La fonction hypophysaire s’est améliorée chez 27 % des patients en cas de traitement conservateur. Une détérioration de la fonction hypophysaire n’a été observée que chez les patients dont la lésion était évolutive. La réponse initiale aux glucocorticoïdes donnés sous forme de bolus a été favorable, un échec précoce n’étant observé que dans 3 % des cas environ. Cependant, le taux d’échec global et/ou de récidive était de 41 %. Le taux de récupération n’était pas lié à la durée du traitement par corticoïdes. Des effets secondaires de la corticothérapie sont survenus dans 63 % des cas. 94 % des patients ont été opérés et le type histologique était plutôt celui d’une hypophysite lymphocytaire chez 70 % et d’une hypophysite granulomateuse chez 30 % des patients. Une progression ou une récidive ont été observées chez 25 % des patients après traitement chirurgical. En conclusion, au cours de l’hypophysite, le traitement par bolus de glucocorticoïde est associé à un taux élevé de récidive. La chirurgie n’évite pas non plus totalement les récidives. Dans la mesure où la surveillance avec observation seule a des effets favorables, il faut probablement recommander une prise en charge non interventionnelle chez les patients présentant une hypophysite, sauf si les symptômes sont sévères ou évolutifs.

 
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