"La prescription médicale n’est pas une formalité" : l'Académie de médecine épingle la loi Rist sur l'accès direct
"La prescription médicale n’est pas une formalité de nature administrative. Elle est le résultat d’une démarche accomplie par le médecin". Dans un communiqué publié le 15 février, l'Académie nationale de médecine se prononce sur la Loi 2023-379 du 19 mai 2023 "portant sur amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé", portée par la député Stéphanie Rist. Ce texte permet en effet à des professionnels de santé paramédicaux de prendre en charge des patients, de prescrire des examens complémentaires et des produits de santé, ou de pratiquer leur art, dans des cas où la prescription par un médecin ne serait plus obligatoire.
Neuf mois plus tard, l'Académie "rappelle que la prescription médicale a pour fondement le diagnostic médical, qui est la composante primordiale de la démarche thérapeutique". "Engager une action thérapeutique en l’absence de prescription médicale n’est absolument pas anodin", s'inquiètent les académiciens. L'Académie souligne "que l’absence de médecins à même de poser un diagnostic n’est pas concevable dans le contexte d’un établissement de santé, dans lequel un malade, qu’il y entre par le service des urgences ou par celui des consultations médicales, ne peut être considéré comme privé d’une capacité de diagnostic médical, donc de prescription médicale".
Conscients de la problématique de désertification médicale, les académiciens jugent que "la mise en route de soins à visée curative, en particulier de nature médicamenteuse, sans prescription par un médecin donc sans diagnostic médical préalable, ne peut se concevoir que lorsque les conditions suivantes sont réunies : vérification de l’indisponibilité d’un médecin ; risques minimes d’effets secondaires de la thérapeutique concernée ; et évaluation médicale, après une période déterminée et répétée, de toutes les procédures ainsi engagées".
"Nous avons tellement de retard sur les pratiques avancées… Nostalgie et condescendance ne suffiront pas pour soigner les malades", a réagi la député Stéphanie Rist sur X. "J'ai lu sans surprise et avec consternation les avis d'abord de la HAS puis de l'Académie. Il me semble que nous ne vivons pas dans le même pays, ni à la même époque ni dans la même réalité. Heureusement ces avis ne sont que consultatifs", a abondé Pascale Mathieu, présidente du Conseil national de l'ordre des kinésithérapeutes. "Très étonnante prise de position avant même que la concertation avec les acteurs concernés ait eu lieu, de plus, sans aucune argumentation scientifique. On sait pourtant où mènent les arguments d’autorité ou fondés sur des opinions. La crise Covid est encore récente…", a également estimé le Conseil national professionnel des IPA sur X.
"Je suis effaré de la piètre qualité de cet avis, qui a mis des mois à sortir, pour tenir en une page, et crée de nombreuses confusions [voir publication]", a commenté sur Linkedin Guillaume Rall président du Syndicat National des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs (SNMKR).
"A un moment donné, il va falloir avancer dans l’intérêt des patients", plaide le kiné qui appelle Catherine Vautrin et Fréderic Valletoux à publier les décrets d'application de la loi dans "les plus brefs délais, afin de nous permettre seulement de faire notre travail correctement".
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?