Face aux déserts, "maintenir les médecins en activité au-delà de 65 ans est un enjeu majeur" estime un rapport
"La crise actuelle met chacun, régulateur, professionnel de santé, citoyen, plus encore qu’hier, en difficulté et face à ses responsabilités", souligne le HCAAM dans un avis à paraître, qu'Egora a pu consulter. Face à la baisse de la démographie médicale, depuis longtemps anticipée, force est de reconnaître que les solutions mises en œuvre jusqu'ici se sont révélées insuffisantes ou du moins, que leurs résultats se font attendre. Pour le HCAAM, "il y a donc urgence à agir". "De même que l’on a su le faire pour la crise sanitaire, il faut aujourd’hui des solutions immédiates, des mécanismes de solidarité et des aides exceptionnelles dans certains territoires", plaide-t-il. Le HCAAM appelle à un branle-bas de combat au niveau de chaque département afin de "reconnaitre et organiser la responsabilité collective de l’accès aux soins dans les territoires en s’appuyant sur les acteurs locaux et les dispositifs existants". Les CPTS des zones déficitaires devront avoir pour mission prioritaire : "une mission de crise sur l'accès aux soins". A court terme, en attendant que la hausse puis la suppression du numerus clausus produisent leurs effets, l'"enjeu majeur" est d'optimiser le temps médical disponible, souligne le HCAAM : "il faut tirer le meilleur parti des compétences de chaque professionnel et accroître la productivité du système de façon à soigner plus de patients avec moins de médecins". "Le recours aux soins ne devrait plus être systématiquement synonyme de consultation d’un médecin, considère l'instance. L’essor des nouvelles formes d’exercice et du numérique permet de nouvelles modalités de réponse à la demande de soins, plus économes du temps médical."
Le rapport est un plaidoyer pour le développement des délégations de tâches et transferts de compétences. "Il faut décharger les praticiens des tâches administratives et de coordination (…) Les soins peuvent également être organisés différemment avec d’autres professionnels, pour libérer les médecins d’activités qui ne nécessitent pas leur niveau d’expertise", développe-t-il. A l'échelle du cabinet, "il faut diffuser plus largement un premier niveau d’équipe, composée de médecins traitants, infirmiers et assistants collaborant étroitement au quotidien au service d’une patientèle commune", estime le HCAAM, plébiscitant le modèle des infirmières Asalée pour le suivi des patients chroniques. Les protocoles de coopération nationaux, "offrant des compétences élargies aux masseurs-kinésithérapeutes, pharmaciens et infirmières", doivent être développés. "Solidarité vis-à-vis de la population et de leurs confrères" Autre "enjeu majeur" : "maintenir les médecins en activité au-delà de 65 ans", "en particulier dans les zones en difficultés". "En acceptant de rester en activité dans un moment où on a plus que jamais besoin d’eux, ces médecins en fin de carrière ou retraités témoignent de leur solidarité vis-à-vis de la population et de leurs confrères", souligne le HCAAM. Il faut encourager, y compris avec des aides financières, les initiatives locales prises pour accueillir des médecins en fin de carrière qui souhaitent des "modalités de travail allégées" (pas de gardes, salariat, horaires choisis…), ou des médecins retraités qui acceptent de continuer à travailler à temps partiel. Le cumul emploi-retraite doit s'accompagner d'une compensation ou d'un allègement des charges. Concernant l’accès aux soins non programmés ou urgents, "en cas de constat de carence, quand les dynamiques professionnelles ne sont pas présentes, il est indispensable d’identifier ou de constituer, de façon concertée, un ou des opérateurs structurés, pour prendre la responsabilité d’organiser les soins dans les territoires déficitaires", estime le HCAAM. A court terme toujours, le Haut Conseil recommande également d'accroître le nombre de postes d'internat pour la médecine générale et les autres spécialités de proximité "considérées comme prioritaires", "parallèlement à la mise en place de mesures destinées à renforcer l’attractivité de ces métiers, particulièrement en zone sous-dense, en y initiant les étudiants". Le HCAAM ne recommande en revanche pas de "limiter l'installation" des médecins pour mieux les répartir sur le territoire, doutant que cette contrainte "soit de nature, à elle seule, à (les) faire venir dans les territoires les moins attractifs".
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