"J'ai même tenté ma chance avec Doctolib" : installé en Bretagne, un médecin sicilien déplaque faute de patients
“Je voudrais bien comprendre”, confie, amer, le Dr Salvatore Cellura, au quotidien breton Le Télégramme, vendredi 20 novembre. Installé depuis le mois de septembre 2019 à Plogonnec, dans le Finistère, le médecin sicilien a annoncé son départ de la commune de 3.200 habitants. A contrecœur. “Je travaille avec acharnement, en prenant peu de repos. Je me déplace pour des visites à domicile. La patientèle n’est pas au rendez-vous. J'ai même tenté ma chance avec Doctolib pour les réservations en ligne. Ça n’a pas marché”, regrette le médecin sicilien qui a quitté son pays, pensant s’installer définitivement en Bretagne. Pourtant, son arrivée était particulièrement attendue par les habitants, la municipalité, mais aussi par le seul médecin de la ville, le Dr Vaëna, qui,après le départ à la retraite d’un confrère, se voyait incapable de reprendre l’intégralité de sa patientèle. Aidé par l’Association des professionnels de santé, le Dr Cellura, qui avait découvert la Bretagne grâce à des amis, avait alors posé ses valises dans un cabinet situé derrière la mairie.
“Mais où sont passés les patients?” Mais un an et demi après, force est de constater que son installation a été un échec. “La majorité de mes patients sont des personnes qui viennent d’emménager dans le secteur, donc souvent des jeunes, plutôt en bonne santé que je vois rarement. Je ne reçois pas beaucoup de personnes âgées”, explique le praticien, contraint de s’arrêter “pour des raisons économiques”. “Je pensais que les habitants auraient voulu un jeune médecin car on m’avait dit qu’il en manquait. Je pensais qu’un esprit de communauté aurait joué pour le soutenir, surtout après la mobilisation passée”, déplore-t-il, alors qu’un nouveau médecin, installé dans la commune voisine, est parvenu à se faire une place. “Mais où sont passés les patients?” s’interroge, déçu, Pierrot Delorme, président de l’ancien collectif Citoyen de santé de Plogonnec qui avait milité pour l’arrivée du praticien. Quoi qu’il en soit, le Dr Cellura a pris sa décision : il partira de la commune dès la fin de l’année, “triste”, mais aussi en colère. “Il faudrait que les gens ne soient pas seulement là pour se plaindre mais qu’il y ait aussi un peu de responsabilité, de cohérence, lâche-t-il. Avec mon départ, c’est aussi l’accès aux soins qui est en jeu.” La commune se situe, en effet, dans une zone classée “à risque” par l’ARS. “Il est important de comprendre ce qui s’est passé car cela aidera un autre médecin à s’installer ici”, déclare-t-il au Télégramme, inquiet de laisser “une patientèle désemparée”. Interrogé par le journal local, le maire Didier Leroy, persuadé qu’il y avait de la place pour deux médecins, regrette le départ du médecin sicilien. Il ne désespère cependant pas de trouver un nouveau généraliste et garde le local “pour une future installation”. [Le Télégramme]
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus