90% des officines en grève hier
La grève promettait d'être massive, elle a tenu ses promesses. Plus de 18 000 pharmacies sur les 20 000 présentes en France ont baissé le rideau jeudi. La profession se mobilisait contre les pénuries persistantes de médicaments, les fermetures d'officines, une rémunération insuffisante et un risque de dérégulation de la vente en ligne.
Au total, 30.000 personnes sont descendues dans la rue sur l'ensemble du territoire, selon l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine (Uspo) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). C'est six fois plus que lors de la dernière grande mobilisation de 2014.
"Médicaments en pénurie, patients à l'agonie", "Pour continuer à soigner votre crève, on fait grève", pouvait-on lire sur des pancartes du cortège parisien parti de la faculté de pharmacie pour rejoindre le ministère de l'Economie.
Dans les Bouches-du-Rhône, 650 pharmacies sont restées portes closes, dont 330 rien qu'à Marseille, soit 95% des établissements selon le président de l'Ordre des pharmaciens du département, Stéphane Pichon.
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Des pharmacies ont été réquisitionnées par décision préfectorale pour assurer la permanence pharmaceutique obligatoire. La plupart des officines avaient prévenu leur clientèle par courriels, écrans ou affiches collées sur les vitrines.
Les syndicats réclament une revalorisation de la rémunération dès 2025, faisant valoir l'inflation qui pèse sur les charges. Les dernières propositions de l'Assurance maladie, dans le cadre des négociations conventionnelles entamées fin 2023, sont jugées "insuffisantes". Les représentants des pharmaciens seront convoqués le 5 juin pour une "réunion conclusive" avec l'Assurance maladie, a indiqué Philippe Besset.
Interrogé sur France 5, le Premier ministre, Gabriel Attal, a évoqué jeudi soir ces négociations : "Il y a des propositions qui ont été faites, notamment une revalorisation des honoraires, je crois, de l'ordre de 10%, une majoration des rémunérations pour le travail de nuit, d'autres mesures", a-t-il souligné. "Il faut que les discussions se poursuivent et qu'elles puissent aboutir."
Outre l'aspect financier, la profession s'inquiète aussi, comme en 2014, d'une possible volonté de simplifier la vente en ligne de médicaments sans ordonnance. "Tous les éléments sont là pour tuer le réseau" d'officines, alerte Pierre-Olivier Variot, président de l'Uspo.
[Avec AFP]
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