Mis sous accord préalable, un généraliste avance de l'argent à ses patients dont les indemnités journalières sont bloquées
"Je sollicite votre soutien dans le conflit qui m’oppose à la sécurité sociale. Je suis aujourd'hui accusé de prescrire trois fois plus de jours d’arrêts de travail par patients que les autres médecins. Je ne nie absolument pas le chiffre, ni la proportion, mais je prétends que mes patients ont vraiment besoin de ces arrêts de travail pour des raisons strictement médicales et que je ne sors absolument pas de mon rôle de soignant responsable", écrit le Dr Dominique Tribillac pour justifier la mise en ligne de sa pétition.
Retraité actif, le généraliste est installé depuis 35 ans au Val-Druel, un quartier populaire sur les hauteurs de Dieppe. Accusé de prescrire trois fois plus d'arrêt que la moyenne, le médecin a reçu une demande de la CPAM à réduire de 20% le rythme. "Mais déjà 5% c'est impossible. Si je signais trop d'arrêts, je comprendrais, mais là, ils sont justifiés. C'est de l'injustice", se défend-il sur France Bleu. Le généraliste a donc refusé.
Le praticien a alors été placé sous accord préalable (MSAP), malgré l'avis (consultatif) d'une commission qui avait rejeté à l'unanimité cette sanction. "Lorsque j’estime qu’un arrêt maladie est nécessaire je dois désormais remplir un document complémentaire d’au moins une demi-page pour me justifier auprès du médecin-conseil qui doit le valider ou pas". Voilà pour la théorie. Et en pratique ? "J’ai décidé de ne pas le faire car j’estime que je ne suis ni malhonnête, ni incompétent", a indiqué le médecin de famille au Parisien.
Par conséquent, les indemnités journalières de ses patients sont, pour l’heure, bloquées. "J’ai donc décidé, jusqu’à nouvel ordre, de leur avancer cet argent sur mes propres deniers pour ne pas les pénaliser. Je connais leurs difficultés financières. Ici, la pauvreté ce n’est pas seulement un mot, c’est une réalité", a confié le médecin. "C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour qu'ils n'aient pas cette crainte-là en plus quand je les arrête. J'ai des réserves et je ne suis pas trop près de mes sous, tant pis", a-t-il précisé sur France Bleu.
Le Dr Tribillac conteste un référentiel de la CPAM qui liste les catégories de population selon leurs revenus et la tolérance sur la question des arrêts maladie, de 1 à 5. La dernière catégorie étant la plus populaire. "Environ 44% de la Seine-Maritime serait dans la catégorie 5", selon le médecin qui juge la catégorie trop large. "Le revenu de ma patientèle est très en dessous de la moyenne de cette catégorie. Comparer les habitants d'ici à cette moyenne, c'est une saloperie indigne."
"Pour vous qui vivez le quotidien de ces manques évidents et qui êtes témoins de mon intégrité, ainsi que pour toutes les personnes qui sont scandalisées par cette injustice, je vous invite à me soutenir et à signer cette pétition", demande le Dr Tribillac.
[Avec Francebleu.fr et leparisien.fr]
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