Six chiffres qui montrent que les médecins ne prennent pas soin de leur santé
Les cordonniers sont les plus mal chaussés… et les médecins sont les plus mal soignés. C'est ce que démontre une enquête en ligne de La Mutuelle du médecin, dévoilée ce mardi 24 septembre. Plus de la moitié des médecins libéraux s'estiment ainsi moins bien soignés que leurs patients. Les résultats de cette enquête*, menée par l'Ifop auprès de quelques 300 médecins libéraux, sont autant de "signaux d'alerte" sur la santé des praticiens. Ils interpellent par ailleurs sur les conditions d'exercice dégradées des libéraux. 75 % des médecins sont leur propre médecin traitant Cette pratique reste la règle en France. Plus de 8 généralistes sur 10 (81 %) se sont ainsi déclarés comme étant leur propre médecin traitant (MT). Les moins de 40 ans semblent moins concernés : ils sont leur propre MT dans 57 % des cas, contre 91 % pour les médecins de 60 ans et plus. Par ailleurs, 77 % des libéraux sondés indiquent être le médecin traitant d'un membre de leur famille (59 % de leur conjoint, 57 % de leur(s) enfant(s), 19 % d'un de leurs parents). 53 % des praticiens jugent qu'ils sont moins bien soignés que leurs patients Ce sentiment est encore plus marqué chez les femmes (66 %). Plus d'un quart des médecins interrogés (27%) avouent par exemple de ne pas suivre pour eux-mêmes les recommandations de la HAS en matière de prévention (dépistage organisé, vaccination…). 55 % des médecins sont exposés à un risque cardio-vasculaire Plus de la moitié des répondants (55 %) se disent concernés par le risque cardiovasculaire, mais parmi eux 14 % n'ont pas engagé de démarche de prévention.
Un tiers des médecins estiment qu'au moins un de leurs confrères devrait arrêter d'exercer du fait de son état de santé La moitié des sondés déclarent ainsi connaître un médecin de leur entourage concernés par une addiction, et parmi eux 17 % considèrent que cela altère son exercice professionnel. Ils ne sont en revanche que 14 % à confesser une addiction les concernant. Huit médecins sur 10 ont déjà renoncé à un arrêt de travail Près de la moitié des sondés (49 %) n'ont jamais pris d'arrêt de travail et pour près d'un tiers d'entre eux (31 %), cela remonte à plus de 5 ans. Huit médecins sur 10 déclarent avoir déjà renoncé à s'arrêter : 73 % par conscience professionnelle, 50 % faute de pouvoir trouvé un remplaçant et 39 % pour "raisons financières" (délai de carence, notamment). La crainte de surcharger les confrères est également évoquée, tout particulièrement par les jeunes qui exercent davantage en maison de santé ou cabinet de groupe. "Pour un médecin, il y a les choses graves et les choses pas graves – et celles-ci sont nombreuses ! Quand ce n'est pas grave, on continue à travailler, surtout les anciennes générations", relève le Dr Anne-Elisabeth Cabee, radiologue à Neuilly-sur-Seine et administratrice de la Mutuelle du médecin. Pour la spécialiste, le médecin "ne s'écoute pas" et ne rend pas forcément compte que son état de santé se dégrade ou qu'il glisse vers le burn-out. 34 % des généralistes ont une mauvaise qualité de sommeil C’est une proportion supérieure à celle des autres spécialistes (24 %). Les généralistes sont également plus nombreux (15 %, contre 6 % pour les autres) à avoir pris des antidépresseurs au cours des cinq dernières années. *Enquête en ligne menée du 22 août au 6 septembre auprès de 301 médecins libéraux (75 % d'hommes, 25 % de femmes), dont 179 généralistes et 122 autres spécialistes. 225 répondants sont des hommes et 76 sont des femmes. Les plus de 50 ans représentent 67 % des effectifs.
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