"J'ai passé ma première année de médecine, en 1965, l'année où les Prs Wolf et Monod ont eu le prix Nobel. J'étais en fac à Nantes, nous étions 400 candidats pour 89 postes : c'était bien plus confortable que maintenant, on pouvait passer les épreuves en juin et en septembre, deux fois. J'ai été reçu en juin, dès la première fois : les épreuves comportaient moins de maths que maintenant, d'ailleurs je n'avais pas fait maths élem, mais science ex et je l'ai eu sans problème. Je n'ai pas bossé comme un fou, la nuit, le jour, mais j'ai travaillé de manière très régulière, sans faire d'impasse. Il faut dire que j'avais pris une année quasiment sabbatique entre le bac et l'inscription. La longueur des études de médecine m'inquiétait, je voulais être indépendant de mes parents. Au résultat, je m'y suis pris trop tard pour m'inscrire, alors j'ai fait un an le pion dans un collège jésuite pour surveiller les études du soir, et aussi le grouillot de service pour le professeur de sciences-nat. Ce qui m'a permis d'améliorer mes maths et ma physique grâce aussi à des cours par correspondance puisque j'avais du temps libre dans la journée. Je faisais aussi beaucoup de sport. D'ailleurs, lorsque j'ai annoncé à mon club de foot que j'allais être obligé d'arrêter les matchs du dimanche car j'allais devoir travailler pour payer mes études de médecine, ses dirigeants m'ont proposé de me les financer partiellement. Soit un tiers de SMIC, en contrepartie de mon maintien dans l'équipe en Bretagne, pour les matchs du week-end, dans la région de Nantes. J'étais ce qu'on appelle un "amateur marron", c’est-à-dire que je jouais en amateur, mais sponsorisé. Cela m'a permis d'être relativement confortable durant mes quatre premières années d'études. En plus d'être pion, je travaillais l'été dans une usine de brochure à Malakoff où j'ai même obtenu mon diplôme de massicotier P2. J'ai ensuite été intronisé par un patient, membre du syndicat du Livre. Cette première année, je n'ai pas souffert. J'ai bossé bien sûr, mais j'avais trouvé mon rythme et mon modèle économique, j'étais autonome. Pour résumer, le DPEM et les 1ère, 2ème et 3ème années, je ne les ai pas vues passer. Nantes est une petite ville, tout le monde se connaissait, on travaillait mais avec le bon côté de la vie étudiante, on allait au resto-U, on allait draguer à la fac de lettres car il y avait très peu de filles en médecine. C'était sympa, on s'est bien marré. Maintenant, je vois la vie des étudiants, cette angoisse de la première année, ce concours extrêmement dur, les burn out et les suicides. C'est bien plus dur pour les jeunes que pour nous. Je n'ai jamais côtoyé de cas de suicides durant mes études, par exemple. En plus, à partir de 1968, le rapport avec les profs a changé, on pouvait discuter avec eux."
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