"On avait entre 40 et 50 malaises par jour" : l'ex-médecin du Puy du fou devant les juges après la mort d’un visiteur
Le 7 août 2016, un homme de 59 ans venu passer la journée au Puy du Fou avec sa famille décédait des suites d’une crise cardiaque. L’homme avait été pris d’un malaise après avoir assisté à un spectacle. Sa femme avait alerté les secouristes du parc, sollicitant l’intervention des pompiers. Mais le médecin du parc – joint par les secouristes – avait finalement demandé que le quinquagénaire soit conduit à bord d’une golfette afin qu’il puisse l’examiner. "Au talkie-walkie, on parle d’un homme en sueur, pâle, avec une gêne thoracique, mais des constantes très correctes", a expliqué le praticien, mis en examen pour non-assistance à personne en danger, face au tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon, ce mardi.
L’état du visiteur s’était rapidement dégradé à son arrivée à l’infirmerie. L’homme décédait finalement sur place, avant d’avoir pu être pris en charge par le Samu, joint par le médecin du parc. La famille en deuil avait décidé de porter plainte contre ce dernier. "Comment un médecin peut louper une crise cardiaque ?", a lancé la veuve du quinquagénaire au tribunal, rapportent nos confrères de Ouest-France. "Vous savez, chaque jour, on avait entre 40 et 50 malaises. Alors, forcément, je n’allais pas sur place à chaque fois", a expliqué le médecin de 63 ans, à qui il est notamment reproché d’avoir fait déplacer le quinquagénaire jusqu’à lui.
Selon les magistrats, le médecin omet plusieurs éléments dans son récit, notamment le fait que la tension du visiteur n’ait pas pu être prise, ou encore qu’il a reçu un second appel des secouristes pour valider le transport de l’homme. "Vous êtes médecin et eux, les secouristes. C’était aussi à vous de récupérer toutes les informations que vous estimiez nécessaires", a déclaré la présidente de l’audience. Ce à quoi le médecin a répondu : "Je n’ai eu aucun élément qui laisse penser à un péril imminent." Si l’expert médical a estimé que ne pas se rendre auprès de la personne et demander un effort de déplacement au quinquagénaire étaient des manquements, celui-ci serait mort dans tous les cas.
L’avocate du médecin a quant à elle indiqué que ce dernier avait contacté le Samu 20 minutes après avoir été alerté lui-même par les secouristes. "Sa rapidité d’action est totale. L’infirmière du Samu le dit, il n’aurait pas pu faire mieux." La procureure de la République a plaidé la relaxe. Selon elle, le médecin "avait bien connaissance de la gravité des faits. Seulement, on lui reproche une non-assistance à personne en danger. Or, il est intervenu très rapidement. Mal, peut-être. Mais ce n’est pas suffisant pour caractériser l’infraction".
Le jugement sera rendu le 8 janvier prochain.
[avec Ouest-France]
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