L'extrait :
Le décryptage :
Même si les commentaires de Georges Arnaud sont glaçants, il cherche avec sa chaise à épargner d’atroces souffrances au patient en écourtant le temps opératoire. Toutes les interventions étaient alors des vivisections sans remède : le seul moyen était d’opérer plus vite et avec plus de sécurité sans devoir recourir à quatre gaillards pour immobiliser un malade qui se débattait, probablement en hurlant... Mais l’on doute qu’en dépit des assurances données au malade, ladite chaise ne lui ait présenté « que l’idée de s’y asseoir »... Le chirurgien se révèle ingénieux. La chaise est décrite sur plusieurs dessins, avec ses moindres cotes de construction et tous ses accessoires : repose-bras, serre-tête, fixe-cuisses, tringles coulissantes, sangles et courroies, tiroirs aux instruments, disposés afin d’être utilisables lors d’interventions diverses sur face, tête, poitrine, bas-ventre, périnée, membres ainsi que lors d’accouchements, la chaise étant basculée en arrière. A-t-elle été construite et utilisée ? Si oui, elle aura eu l’utilité non pas de faire souffrir moins mais moins longtemps. Ce n’est qu’à partir du milieu du XIXe siècle qu’apparaîtront des méthodes et des substances réellement et directement efficaces sur la douleur. En premier vint l’éther, administré par inhalation en 1846 (Morton, États-Unis) lors de l’exérèse d’une tumeur du cou. L’éther sera utilisé pour la première fois en France en 1847, alors que le célèbre Velpeau avait déclaré, huit ans plus tôt, que la chirurgie sans douleur était inconcevable ! Puis arrivèrent le protoxyde d’azote et le chloroforme, dont la réputation sera consacrée par les anesthésies de la reine Victoria, consenties pour montrer l’exemple, lors de l’accouchement de ses deux derniers enfants en 1853 et 1857. Les barbituriques, apparus au début du XXe siècle, seront vite utilisés sous forme injectable, et complétés par le curare en 1942, ce qui a imposé l’assistance respiratoire. Aujourd’hui, le postopératoire lui-même bénéficie des antidouleurs, après bien des réticences liées à la crainte de créer une dépendance. Notre époque est, heureusement pour nous, loin des « cruautés » de « l’ancienne barbarie » !
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