Début février, plus de 4000 médecins étrangers ont concouru aux épreuves de vérification des connaissances (EVC) françaises. A l’issue des écrits, plus de 1700 ont été reçus. Or, nouveauté cette année : le fonctionnement des EVC a été modifié par la mise en place de la réforme de la procédure d’autorisation d’exercice des praticiens diplômés hors de l’Union européenne (Padhue), actée en 2019. Si les lauréats du concours devaient, jusque-là, démarcher les hôpitaux pour effectuer leur stage, ce n’est plus le cas. Leur durée ramenée de trois à deux ans, ces stages fonctionnent désormais par liste, que les candidats peuvent choisir selon leur classement. Objectif : permettre une meilleure répartition de ces médecins étrangers sur le territoire français, pour notamment venir en aide aux établissements en pénurie de personnel soignant. En avril 2021, les établissements de santé ont donc fait parvenir aux ARS une liste de leurs besoins en poste de “praticiens attachés associés". Ce sont les chefs de services qui ont été chargés d’estimer s’ils en avaient - ou non - besoin. Selon Libération, ces derniers sont pourtant contre la mise en place de cette réforme, qui les empêche désormais de pouvoir choisir avec qui ils vont travailler.
Fiasco de la réforme Le 15 février, au moment de l’ouverture de la procédure de choix, c’est la douche froide pour les lauréats et les chefs de services. Dans les hôpitaux, tous les postes demandés n’ont pas été retenus par le ministère de la Santé… “On avait fait remonter des désirs de postes à l’ARS mais apparemment quelqu’un a fait un tri derrière : les postes qu’on demandait ont disparu. Résultat : on ne peut pas recruter de praticiens étrangers alors qu’on en a besoin !”, dénonce auprès du quotidien, François Braun, chef du service des urgences de l’hôpital de Metz-Thionville et président du Samu urgences de France. Une colère d’autant plus importante que les chefs de services n’ont pas la garantie de pouvoir “reprendre” leur confrère avec un meilleur statut. “Quand bien même on disposerait d’un poste, c’est le rang de classement aux EVC qui permet de choisir les affectations : du coup, même s’ils ont eu le concours, les Padhue qu’on a formés peuvent être supplantés par d’autres mieux classés mais qu’on ne connaît pas !”, poursuit l’urgentiste, également référent santé d’Emmanuel Macron pour la campagne présidentielle. Du côté des médecins étrangers également, rien ne va. Car dans les faits, les terrains de stages proposés dans la liste finale… n’existent pas tous dans la réalité. Libération cite notamment le cas d’un urologue, qui, très bien classé dans sa spécialité, a repéré deux potentiels terrains de stages susceptibles de l’intéresser. Après s'être rendu sur place pour rencontrer les équipes, il a constaté que dans le premier cas, le chef de service n’était pas au courant et n’avait aucun poste pour lui et le second n’existait tout simplement pas et n’avait jamais été demandé par la direction. Pire, une généraliste s’est étonnée d’un terrain de stage en établissements d’hospitalisation à domicile à Béziers ou Toulouse. “Ça veut dire quoi pour ceux qui y seront affectés ? Est-ce qu’on leur dira au bout de deux ans que leur stage n’était pas suffisamment complet pour “consolider leurs compétences” et qu’ils doivent faire six mois de plus, comme le suggère la loi ? Tout ça est assez incompréhensible”, proteste-t-elle. Pour l’instant, le ministère et la DGOS n’ont fait aucun commentaire. Mais, la date de clôture définitive des vœux des lauréats a été repoussée du 15 février au 3 mars. [avec Libération]
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