"Afin que soit enfin respecté le principe fondamental du Code de la santé publique" qu’est "l’égalité d’accès aux soins", la Corse "doit pouvoir être dotée d’un CHU", écrivent 32 professeurs des universités et médecins hospitalo-universitaires exerçant dans l’hexagone ou sur l’île de beauté, dans une tribune publiée hier. Selon eux, ce principe est aujourd’hui mis à mal, notamment à cause de la pénurie de médecins qui frappe l’île encore plus violemment que la métropole. Et pour cause, si l’université de Corse propose l’enseignement de première année des études médicales depuis 20 ans, les étudiants sont contraints d’aller à Marseille, Nice ou Paris pour poursuivre leurs études. "Le projet est d’étendre l’enseignement à tout le premier cycle (3 premières années) en 2024 et 2025 afin que les étudiants de l’Université de Corse repoussent leur départ à partir de la 4ème année", expliquent les signataires de la tribune, publiée en intégralité par France Bleu. Selon eux, deux-tiers des étudiants de l’université de Corse admis en 2e année "seraient intéressés par le fait d’exercer tout ou partie de leur activité au sein du CHU de la Corse". Pour les signataires de la tribune, il y a urgence à engager la création d’un centre hospitalier universitaire car les médecins actuellement en exercice sur l’île sont plus âgés qu’en métropole (10% ont 70 ans ou plus). Tout comme la population insulaire, composée à 30% de plus de 60 ans. Les habitants sont parfois contraints de se rendre sur le continent parfois "pour des actes mineurs pour des spécialités sous-représentées ou absentes sur l’île". Une problématique qui se fait d’autant plus ressentir lors de la période estivale durant laquelle la population double – sans que les moyens ne suivent. "Un travail récent montre que 70% des étudiants de l’université de Corse admis en seconde année ayant choisi la médecine générale une fois devenus internes reviennent s’installer en Corse" mais "seulement 30% de ceux ayant choisi une autre spécialité reviennent", déplorent les signataires. "La création d’un CHU en Corse permettrait aux étudiants en médecine d’accomplir tout ou partie de leur cursus en Corse et d’y poursuivre leur carrière professionnelle." Ils ajoutent que l’université corse dispose de "plusieurs unités de recherche qui pourraient permettre aux futurs hospitalo-universitaires de développer leurs projets". "Il ne s’agit pas d’universitariser tous les services hospitaliers insulaires, mais de cibler prioritairement certaines spécialités où l’offre est faible ou nulle, et certaines spécialités bien développées initiant déjà des projets de recherche clinique." Les signataires vantent par ailleurs les synergies qui s’opèrent sur l’île à l’initiative de la Collectivité de Corse entre le secteur public et le privé, et que le CHU pourrait contribuer à développer. "L’organisation des soins en Corse ne doit pas être considérée uniquement comme une charge pour la société mais s’inscrire dans une dynamique qui favorise la création de richesses" et "pourra permettre tant aux soignants qu’à la population de se projeter dans un avenir plus sécurisé", plaident-ils. "Il s’agit d’un objectif très ambitieux mais tout-à-fait réaliste à nos yeux", concluent les 32 médecins, qui espèrent beaucoup du déplacement d'Emmanuel Macron ce jeudi en Corse. [avec France Bleu RCFM]
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?