Patient perdu à Pompidou: "La caméra a filmé les trois jours d'agonie de mon frère"

02/03/2017 Par Fanny Napolier

Le 31 janvier dernier, un homme a été trouvé mort dans un parking de l'hôpital Georges Pompidou (AP-HP). Il était décédé depuis trois jours. L'AP-HP vient de rendre public le rapport d'enquête et reconnaît des dysfonctionnements.

Dans le rapport d'enquête qui vient d'être rendu public, l'AP-HP admet des dysfonctionnements et reconnaît sa responsabilité. Comment un homme, disparu depuis trois jours, a-t-il été retrouvé mort dans un parking de l'hôpital Georges Pompidou ?   Signalement trop tardif   Le premier des dysfonctionnements, c'est évidemment un signalement trop tardif. Il faudra attendre près de sept heures entre le moment où l'infirmière venue pour faire les soins, à 7h40, ne trouve pas le patient dans sa chambre ni dans le service, et celui où l'information est transmise au PC sécurité, puis au commissariat du quartier. En dépit d'une inquiétude qui pointe au fil des heures, le personnel en charge du malade - aide-soignantes, infirmières, médecins - suppose qu'il est descendu à la cafétéria, comme il l'avait fait la veille. Par ailleurs, lorsque l'agent de sécurité réalise sa première inspection dans ce secteur, il n'a aucune description précise et recherche simplement un patient perturbé.   Une panne   Des carences sont pointées également dans l'organisation des recherches. Trente rondes sont menées dans cet hôpital gigantesque, avec des dizaines d'escaliers et plus de 5 000 portes. Mais ces rondes se révéleront vaines. "Les services de sécurité, quand ils font une ronde, se contentent de regarder et surveiller dans les recoins, mais ils ne poussent pas les portes, ils n’ouvrent pas les portes. La porte n’a été poussée que malheureusement trop tard, trois jours après", explique Jean-Louis, le frère de la victime. Il y a, enfin, cette panne de vidéosurveillance. Une panne qui empêche, le jour de la disparition, les agents du PC sécurité de voir en temps réel le patient en train de pousser cette porte de secours. Une porte coupe-feu, au niveau -1 du sous-sol de l'hôpital, qu'il ne pourra jamais rouvrir. "Derrière cette porte où mon petit frère est décédé, il y avait une caméra. Malheureusement, l’écran relié à cette caméra était en panne, donc un écran noir", témoigne Jean-Louis.   Trois jours d'agonie   "Il s’avère que maintenant ils savent à l’hôpital que la caméra continuait à filmer trois jours d’agonie", poursuit-il. "Il aurait pu être sauvé. Et ça, ça fait mal. Parce qu’il aurait eu un bracelet électronique ou un espèce de biper, on aurait utilisé des chiens ou la vidéosurveillance aurait été fonctionnelle, ça ne serait pas arrivé. On l’aurait retrouvé tout de suite, et il serait encore avec nous", conclut-il. D'autres défaillances sont mises en lumière dans cette enquête interne : le risque de fugue de ce patient totalement désorienté a été clairement sous-évalué puisque la directrice de l'hôpital n'a été informée qu'au moment où un vigile a découvert le corps, et une famille prévenue tardivement, dont les remarques n'ont pas été suffisamment prises en compte, notamment sur le fait que le patient était pieds nus, et qu'il ne pouvait pas avoir fugué à l'extérieur de l'hôpital. Un mois après ce drame, l'AP-HP reconnaît pleinement sa responsabilité. Fin février, la direction de l'hôpital Pompidou a reçu longuement la famille de la victime. Des mesures ont également été prises pour qu'un tel accident ne se reproduise pas : vigilance accrue dans tous les établissements, le port pour les malades volontaires d'un dispositif de localisation, un renforcement du parc des caméras, et un travail pour faciliter les signalements des patients égarés par la récupération de photos auprès des proches. [Avec Rtl.fr]

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