Plafonnement de l’intérim : bientôt privé de médecins, un hôpital contraint de faire appel à la réserve sanitaire
Les effets de l’encadrement de l’intérim médical, qui devrait intervenir le 3 avril, se font déjà sentir. Partout, des craintes sont exprimées dans les établissements de santé. A Château-Chinon, dans la Nièvre, l’hôpital va se retrouver au pied du mur à cette date, rapporte Le Journal du Centre. Dans quinze jours, il n’y aura plus de médecins pour assurer la continuité de l’unité d’accueil de premiers soins. En cause, indique le député Patrice Perrot dans un communiqué, les professionnels de santé intérimaires qui y exercent habituellement refusent désormais d’effectuer des gardes du fait de leur plafonnement prochain. "Nous avons deux lignes de médecins intérimaires. Ces médecins sont au-dessus de la grille salariale fixée par la loi Rist", explique au quotidien local Yannick Chartier, directeur par intérim des hôpitaux du Morvan. C’est-à-dire au-delà du plafond de 1 170 euros bruts pour 24 heures tel qu’inscrit dans la loi Rist, dont les décrets d’application devraient paraître donc début avril. "On a proposé à l’un d’entre eux de l’embaucher. Qui a refusé. Nous n’avons plus de médecins au 3 avril pour prendre en charge nos patients dans l’unité", ajoute Yannick Chartier.
"Il y a dix jours", ce dernier a demandé à l’ARS de faire appel à la réserve sanitaire pour une durée de "deux mois". Alerté par l’établissement, la maire de Château-Chinon et l’ARS, le député du département a saisi le ministre de la Santé. "Sensibilisé à la situation" de l’hôpital, "il m’a confirmé le déploiement de deux médecins de la réserve sanitaire pour venir en renfort des équipes sur place pour au moins 15 jours", a-t-il écrit dans son communiqué diffusé sur Facebook. Selon Le Journal du Centre, la date d’arrivée de ces deux praticiens n’a pas encore été déterminée.
Patrick Perrot dénonce l’attitude de "certains" intérimaires qui "utilisaient la pénurie médicale pour effectuer un chantage et faire monter les enchères entre les hôpitaux". "Les sommes demandées pouvaient atteindre jusqu’à 5000 euros pour une garde de 24 heures, des rémunérations injustices par rapport à leurs confrères et consœurs exerçant dans ces mêmes établissements", juge-t-il. "Il est d’intérêt général de lutter contre ces pratiques, certes minoritaires mais bien présentes qui me semblent bien éloignées du serment prononcé par chaque praticien." Alors que l’association des médecins urgentistes de France (Amuf) a alerté sur le risque de délitement de l’hôpital public, le député de la Renaissance a dit avoir "parfaitement conscience que l’intérim médical est aujourd’hui indispensable pour assurer la continuité des services" mais appelle à mettre faire à "ces comportements qui mettent à mal notre maillage médical". [avec Le Journal du Centre]
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