"Putain, parlez dans le téléphone!" : la régulation du Samu mise en cause dans la mort d'une patiente
"On veut que tout le monde sache comment notre mère a été maltraitée et méprisée alors qu’elle demandait juste de l’aide. (...) On veut que les médecins qui ont maltraité notre mère répondent de leurs actes. Eux ont continué leur petite vie tranquillement alors que notre mère a perdu la vie", témoigne à Mediapart Marie-Laure, l'une des filles de Yolande Gabriel, décédée en aout 2020. Avec sa sœur, elles ont déposé plainte en octobre 2021 pour "omission de porter secours" et "homicide involontaire", mais aucune information judiciaire n'a été ouverte. Tout commence en juillet 2020. Yolande Gabriel est hospitalisée pendant deux semaines pour une myocardite, une embolie pulmonaire et une pneumonie. Un mois plus tard des douleurs réapparaissent. La patiente se rend aux urgences de Meaux (Seine-et-Marne), le 20 août. Elle est toutefois invitée à rentrer chez elle malgré un électrocardiogramme "anormal". Le 21 août, aux alentours de 7h30, Yolande Gabriel, dont les vives douleurs ne passent pas, compose le 15 pour joindre le Samu de Seine-et-Marne. L'appel, que Mediapart a pu consulter, durera dix minutes. "Madame, faut vous calmer, vous ne prenez pas 36.000 médicaments. Et vous ne savez pas quels médicaments vous prenez? (...) Eh bien, vous ne savez pas ce que vous prenez comme médicaments? Vous n’avez pas votre ordonnance avec vous?", lui lance le médecin régulateur exaspéré, alors que Yolande Gabriel, essouflée, peine à répondre à ses questions. La patiente tente alors de lui expliquer qu'elle craint d'être mal prise en charge aux urgences de Meaux. "Alors, Madame, on ne va pas faire ce que vous voulez (...). Madame, arrêtez!", lui rétorque le médecin. "Putain, parlez dans le téléphone!" Très essoufflée, Yolande Gabriel peine à s'exprimer ce qui agace le praticien au bout du fil. "Mais putain, parlez dans le téléphone!", s'énerve le médecin régulateur, qui finit par envoyer une ambulance privée pour la conduire aux urgences de Meaux. Les secours tardent à arriver et les patiente fait un malaise sous les yeux de ses filles. Elles devront rappeler le Samu pour qu'enfin une équipe médicale se rende au domicile… Plus d'une heure plus tard. Contacté par Mediapart, le Samu reconnaît que l'exaspération du médecin au bout du fil était "injustifiée". Mais le directeur nie une faute de la part du régulateur. De leur côté, les filles de Yolande Gabriel dénoncent des manquements, à commencer par l'envoi d'une ambulance privée, dont l'équipe n'est pas habilitée à gérer les arrêts respiratoires. Elles se questionnent aussi sur d'éventuels préjugés racistes de la part du médecin régulateur, leur mère étant d'origine martiniquaise. "Certains médecins pensent que dès qu’on est d’origine africaine, caribéenne ou maghrébine, on a tendance à exagérer la douleur", commente l'une des filles à Médiapart. Les sœurs ont déposé plainte en octobre 2021 pour "omission de porter secours" et "homicide involontaire". Mais selon leur avocat, aucune information judiciaire n'a été ouverte. [Avec mediapart.fr et bfmtv.com]
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