"Un CHU à chier, où règne le chaos" : les internes de la Martinique se lâchent, la direction se fâche
S'adressant aux carabins qui viennent de passer les ECN, le Bureau des internes du CHU de la Martinique dresse un portrait au vitriol d'un établissement qui "tombe en ruines" dans lequel "ce sont les AS et les brancardiers qui font la loi". La direction se dit "profondément choquée".
La note, publiée début octobre sur le site du Bureau des internes de la Martinique (aujourd'hui hors ligne), partait d'une bonne intention : présenter aux étudiants qui viennent de passer les ECN "la meilleure destination qui soit pour y faire son internat". Les carabins en place vantent ainsi un internat particulièrement "formateur" sur le plan pratique : "on devient vite hyper débrouillard et autonome", soulignent-ils. Quant aux patients, ils sont "d'une gentillesse et d'une patience sans limite": "Ils peuvent attendre 7/8h aux urgences avant de voir pour la première fois un médecin et pourtant ils garderont toujours le sourire". Et de s'enthousiasmer sur "les cas de ouf" que les internes ont à prendre en charge : "chaque patient attend le dernier moment pour consulter, on est donc confrontés à tous les stades avancés des pathologies", souligne l'association. Sans parler des "multiples" blessures par arme, fréquentes dans cette zone où le taux de criminalité est "largement supérieur à la moyenne nationale".
"Ce sont les AS et les brancardiers qui font la loi"
Le CHU de la Martinique, en revanche, en prend pour son grade. Le Bureau décrit "un CHU à chier, qui tombe en ruines (sauf quelques exceptions), où la hiérarchie est complètement inversée (ce sont les AS et les brancardiers qui font la loi), mais où il fait quand même bon travailler une fois qu'on y a pris ses repères". "Endetté jusqu'au cou", l'établissement serait miné par les ruptures de stock de médicaments ("tous les 3-4 jours"). "On est allé jusqu'à prescrire du produit de contraste aux familles de patients pour qu'ils aillent en chercher en ville, afin que le patient en question puisse avoir son scanner injecté", balancent les internes. Pointant "les syndicats qui font la loi", les carabins déplorent les grèves "de tout et n'importe quoi": "par exemple ceux qui nettoient les draps… et donc vous n'avez aucun drap pour vos patients pendant des semaines… ce qui peut aller jusqu'à faire annuler des blocs!" Une description sans concession qui a fait bondir les dirigeants du CHU et de la faculté. Dans un communiqué commun, Benjamin Garel, directeur général de l'établissement, et le Pr Raymond Césaire, doyen de la fac et président de la CME, "condamnent fermement" des "propos irrespectueux" à l'égard des professionnels du CHU comme des patients. "Toute notre communauté hospitalo-universitaire a été profondément choquée par les positions prises par ce groupe minoritaire d'internes et par les termes qu'ils emploient", déclarent-ils, assurant vouloir "réserver à cette affaire une suite appropriée". [avec Hospimedia]
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