Meurtre de sa femme Alzheimer : quatre ans de prison avec sursis pour l'octogénaire
Un homme de 88 ans qui a tué à coups de couteau sa femme atteinte d'Alzheimer a été condamné à quatre ans de prison avec sursis. Le président de la Cour d'assises de Paris a estimé que le discernement de Michel G. avait été altéré par son "épuisement physique et psychique", son "très grand désarroi" et "son impuissance" face à la maladie de sa femme, pour laquelle les médecins lui avaient dit qu'il n'y avait "rien à faire".
"Il ne faut pas que cet homme aille en prison", avait demandé l'avocate générale dans un réquisitoire aux airs de plaidoirie de la défense, réclamant "de l'humanité" pour Michel G. "J'ai vu son masque tomber sous le poids des larmes qui ne cessaient de couler" pendant le rappel des faits, a-t-elle dit au début de son réquisitoire. "Beaucoup d'accusés se défendent en niant, en minimisant. Michel G. n'élude rien de sa responsabilité."
Michel G. avait raconté la veille comment, en 2017, il s'était couché, puis relevé, pour tuer sa femme, car "il fallait que ça s'arrête". Il l'avait poignardée une première fois alors qu'elle était endormie. "Qu'est-ce que tu fais, tu veux me tuer ?" avait-elle alors gémit. Il l'avait poignardé à nouveau, puis avait tenté de se suicider. "Je regrette ce que j'ai fait. Ça me hante depuis trois ans", a dit le vieil homme, en pleurs et le corps courbé à la barre, avant que la Cour ne se retire pour délibérer.
"Pour comprendre comment il en est arrivé là", l'avocate générale a remonté le fil de l'histoire de ce couple décrit comme "fusionnel", "heureux et sans histoire", qui n'avait pas réussi à avoir d'enfant. Elle est revenue sur les premières inquiétudes de Michel G. quand sa femme avait commencé à se répéter. Arrive le basculement dans "cette putain de maladie", comme l'a qualifiée Michel G.
Son épouse ne le reconnaît plus, l'insulte, le prend à partie à coups de "Vous êtes qui vous?" Michel G. avait caché la réalité à ses proches. Le couple ne sortait plus de chez lui. "C'est un crime compassionnel", a plaidé son avocat Norbert Goutmann, "un crime d'amour, d'impuissance, d'épuisement". "Un crime du désespoir", avait conclu l'avocate générale. Et si Michel G. "ne dit pas que c'est de la faute à autrui", son histoire pose la question, dans une société vieillissante et face à des maladies dégénératives majeures : de l'aide "aux aidants", particulièrement quand il s'agit de personnes également âgées et vulnérables. "J'ai fait ce que j'ai pu, avait dit Michel G. avant que la cour ne se retire. Je pense qu'il y avait une solution mais je ne l'ai pas trouvée."
[Avec AFP]
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