Contraception masculine : explosion du nombre de vasectomies en France
La vasectomie constitue, avec le préservatif, la seule méthode contraceptive masculine prise en charge par l’Assurance maladie. Cette méthode de contraception définitive consiste en la section et l'occlusion des canaux déférents, ce qui empêche les spermatozoïdes de rejoindre l'urètre et, par conséquent, d'être éjaculés. Elle est effectuée au cours d’une intervention chirurgicale courte sous anesthésie locale, et en ambulatoire généralement (dans 99,2% des cas en 2022) ; et ne présente aucune contre-indication absolue. Le consortium Epi-Phare (groupement d’intérêt scientifique en épidémiologie des produits de santé ANSM-Cnam) a réalisé une étude pour établir un état des lieux du recours à la vasectomie en France entre 2010 et 2022. Pour cela, les auteurs se sont basés sur les données du Système national des données de Santé (SNDS). Il en ressort que le nombre de vasectomies a fortement augmenté depuis 2010, avec un taux annuel multiplié par 15 en 12 ans. Ainsi, on comptabilisait 30 288 vasectomies en 2022, contre 1 940 en 2010.
A l’inverse, après un certain engouement entre 2010 et 2013, le nombre de stérilisations féminines (stérilisation tubaire par ligature des trompes de 2010 à 2022, ou pose d’implants avant 2017) a été divisé par plus de deux en 10 ans, passant de 45 138 stérilisations en 2013 à 20 325 en 2022. Cette chute pouvant s’expliquer, en partie, par l’arrêt de commercialisation des implants Essure en 2017. Finalement en 2022, il y a donc eu davantage de stérilisations définitives masculines que féminines (3 pour 2). Homme de 40 ans CSP + L’étude d’Epi-Phare apporte quelques précisions sur les hommes qui choisissent la vasectomie. Ainsi, ils sont de plus en plus jeunes avec une moyenne d’âge qui est passée 44 à 41 ans entre 2010 et 2022, et semblent correspondre aux profils de niveaux socioéconomiques les plus favorisés.
Proportionnellement à la population concernée, c’est dans les Pays de la Loire et en Bretagne qu’on la pratique le plus fréquemment. À l’inverse, les taux les plus faibles sont observés en Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans les Hauts-de-France, en Corse et en Île-de-France.
En outre, les effets secondaires sont faibles avec "un recours modéré des hommes aux antalgiques dans l’année post-vasectomie", assure l’ANSM, peu de complications locales (1 homme sur 100), et des reprises chirurgicales "quasi exceptionnelles". Enfin, très peu d’hommes demandent une procédure de réversibilité de la vasectomie, la vasovasostomie.
L’agence du médicament souligne l’exception française dans ce domaine : "Ces résultats décrivent une tendance à rebours de ce qui est observé dans le monde, en particulier dans les pays anglo-saxons où la vasectomie, historiquement très répandue, connaît un déclin (États-Unis, Royaume-Uni ou Australie). La France semble progressivement combler son retard, bien que le nombre de procédures demeure encore inférieur à ceux des pays leaders en matière de contraception masculine définitive".
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?