Près d'un mois après l'arrivée de Catherine Vautrin à la tête du ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, Frédéric Valletoux a été nommé, jeudi 8 février, ministre délégué en charge de la Santé et de la Prévention. Le député Horizons de 57 ans, dont le nom circulait depuis plusieurs semaines, aura en charge le portefeuille ministériel de l'avenue de Ségur. Une responsabilité importante pour l'ex-journaliste, ancien maire de Fontainebleau (Seine-et-Marne) et président de la Fédération hospitalière de France (FHF) de 2011 à 2022, qui devra faire face à de nombreux défis, à commencer par la réforme de l'Aide médicale d'Etat, ainsi que la possible restauration de l'obligation de garde pour les médecins libéraux, avancée par Gabriel Attal, le 30 janvier dernier.
Sur le réseau social X, Frédéric Valletoux s'est dit "fier et heureux de porter cette responsabilité ministérielle essentielle pour les Français", remerciant Emmanuel Macron et Gabriel Attal pour leur confiance. Il a rapidement été félicité par Aurélien Rousseau, qui a affirmé être "très heureux que ce très beau ministère garde à son fronton l’ambition de mener simultanément les politiques de santé et de prévention". "Notre système de santé a besoin de réformes et d'actions", a, de son côté, souligné la médecin et députée Stéphanie Rist, assurant son soutien à Frédéric Valletoux.
#Santé #Prévention.
— Frédéric Valletoux (@fredvalletoux) February 8, 2024
Fier et heureux de porter cette responsabilité ministérielle essentielle pour les Français.
Je remercie le Président de la République @EmmanuelMacron et le Premier ministre @GabrielAttal pour leur confiance qui m’honore.
Au travail !
La nomination de l'ancien président de la FHF est pourtant loin de faire l'unanimité parmi les acteurs du monde de la santé. Elle est même un "cauchemar" pour le Syndicat des médecins libéraux (SML). Dans un communiqué, publié jeudi 8 février, l'organisation assure voir dans cette nomination "une gifle lancée aux médecins". La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) parle, elle, de "déclaration de guerre" envers la médecine libérale. "Le mot est fort mais amplement justifié", maintient le syndicat, dans un communiqué : "Personne ne peut en effet avoir oublié les prises de position scandaleuse [de Frédéric Valletoux] accusant la médecine libérale d'être la cause des maux de l'hôpital."
Une position partagée par le président de l'Union française pour une médecine libre (UFML). Assurant "attendr[e] les actes" du nouveau ministre délégué à la Santé et à la Prévention, le Dr Jérôme Marty a toutefois tenu à revenir sur le bilan de Frédéric Valletoux à la tête de la FHF. Durant ces dix années de présidence, il y a eu "des milliers de lits fermés, des pénuries de personnels, des services en mode dégradés partout, une crise, des urgences aux étages…", a réagi le syndicaliste sur le réseau social X, avant de pointer du doigt la proposition de loi sur l'accès aux soins de l'ancien député. Adoptée en décembre dernier, cette dernière qui entend s'attaquer au problème des déserts médicaux avait provoqué la colère des médecins libéraux.
Nomination de @fredvalletoux , nous ne ferons pas de mauvais procès, et attendrons les actes… mais…
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) February 8, 2024
Quand bien même il faut regarder devant, ce sont les racines qui donnent de la force à l’arbre et…
Président de la @laFHF dix années durant… l’état de l’hôpital s’est il… pic.twitter.com/yrp3h7QDiQ
La Conférence nationale des URPS Médecins libéraux "s’étonne", elle, de la nomination de Frédéric Vallettoux, "un ennemi numéro un et auto-déclaré du monde libéral", écrit-elle dans un communiqué. "Au regard de l’état du système de santé français, de la place des libéraux dans la prise en charge quotidienne des patients et de la nécessité de faire union pour assurer la qualité des soins en France, nous sommes dubitatifs sur ce choix de fin de mandat", prolonge l'organisation.
De son côté, le président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) s'est exprimé sur le réseau social X. Affirmant que Frédéric Valletoux a "perdu" la confiance des médecins libéraux, "nous demandons maintenant à ce que vous fassiez un bon usage de votre nouvelle fonction", a déclaré Jeremy Darenne.
Côté FHF, on se "félicite" de la nomination de Frédéric Valletoux. "Le choix d'un élu de terrain, très bon connaisseur des enjeux de santé est un marqueur très positif", insiste la fédération, rappelant toutefois que "le discours de politique générale du Premier ministre [le 30 janvier dernier, NDLR] avait laissé beaucoup de questions budgétaires en suspens". "La FHF espère que le nouveau ministre saura répondre rapidement" aux craintes des établissements publics, poursuit la fédération dans son communiqué.
La FHF se félicite de la nomination de @fredvalletoux en tant que ministre délégué chargé de la #Santé et de la #Prévention auprès de @CaVautrin et salue également la nomination de @fadila_khattabi en tant que Ministre déléguée en charge de l'Autonomie et des personnes… pic.twitter.com/FAbZ4Da3rd
— FHF (@laFHF) February 9, 2024
Une réaction partagée par la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), qui salue l'arrivée du député Horizons au ministère de la Santé. "Frédéric Valletoux connait les fortes inquiétudes des acteurs de santé, les fragilités de notre système, et les dossiers urgents qu’il convient de prendre à bras-le-corps", note la FHP. Il "a aussi porté une loi qui privilégie la confiance envers les acteurs de terrain pour mettre en place les meilleures organisations au service de l’accès aux soins. Nous comptons donc sur lui pour rester fidèle à cet esprit de confiance également distribué entre acteurs publics et acteurs privés, et pour remédier sans délai, dans un souci évident de justice, aux discriminations qui touchent les professionnels de santé du secteur privé", conclut la fédération.
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