JO 2024 : soignants et sportifs de haut niveau, ils sont déterminés à vous faire bouger
A l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024, le Groupe Pasteur Mutualité et la Villa M (un centre de prévention dédié aux soignants à Paris) ont formé un collectif appelé “Team sport santé 2024”, dont l’objectif est de promouvoir l’activité physique. “La tenue en France des Jeux olympiques et paralympiques en 2024 doit servir d’accélérateur à la promotion de l’activité physique dans toutes les catégories de population”, estime le Dr Bertrand Mas-Fraissinet, président du conseil de surveillance de Villa M et président du Groupe Pasteur Mutualité. Cette équipe comprend notamment des professionnels de santé sportifs, qui candidatent aux JO 2024. “Je peux vous assurer que soigner ça prend du temps, alors être capable d’être un grand champion et en plus d’être soignant, c’est un très beau message”, reconnaît le Pr François Carré, médecin du sport et membre du collectif France en forme.
Ce collectif a été formé à partir d’un constat : “La première cause de mortalité évitable en France c’est l'inactivité physique et la sédentarité”, expose François Carré. 95% de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de sa santé par manque d’activité physique ou un temps trop long passé assis, informe-t-il. L’inactivité physique que le médecin du sport qualifie "d’addiction à la chaise" touche de plus en plus de personnes et en particulier les jeunes. “C'est sur les enfants qu’il faut que nous agissions le plus, parce que les enfants c’est une bombe à retardement sur le plan sanitaire”, poursuit-il. François Carré rappelle que chaque année, le nombre de jeunes de moins de 18 ans atteints d’un diabète de type 2 augmente de 2%. “C’est une maladie de vieux. Les jeunes sont touchés par des maladies de vieux. Il y a 20 ans je ne voyais jamais un gamin de 16 ans atteint d’un diabète de type 2, ça n’existait pas”, assure-t-il.
Le médecin pointe également le nombre important d'infarctus du myocarde survenus avant 30 ans. “Avant, ça touchait des personnes de 45 ans, aujourd’hui c’est 30 ans. Nos collégiens de 15 ans préparent leur infarctus à 30 ans”, alerte-t-il. “Paris 2024, c’est peut-être l’occasion de faire une nation qui bouge. Il faut qu’on fasse bouger les Français”, clame-t-il. “Le rôle du collectif, c’est d’être force d’idée, force de proposition. Il faut trouver les messages, aller voir les gens et leur dire qu'on ne peut pas continuer comme ça, on ne peut pas laisser nos enfants devenir de plus en plus malade de plus en plus tôt.”
Parmi les membres de ce groupe, six professionnels de santé, qui sont également sportifs et candidatent aux JO 2024. Ils forment une équipe paritaire avec 3 professionnels de santé et sportifs masculins et trois féminins. Elle est aussi inclusive, puisqu’il y a à la fois des athlètes valides et un athèle non valide :
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Maxime Grousset, 23 ans, étudiant en 2e année de kinésithérapie, et vice-champion du monde du 100m nage libre
“J’ai quelques médailles mondiales et européennes, je me prépare pour les Jeux de Paris que je vais essayer de gagner. Je dédouble toutes mes années, [pour avoir plus de temps] donc je suis en première 2e année, j’ai pas mal de difficulté à être bien carré dans mes études. J’essaye de m’organiser au mieux.”
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Anne-Sophie Centis, 39 ans, kinésithérapeute au CHU de Lille (Nord), et double médaillée de bronze en tandem des championnats du monde 2022 de paracyclisme sur piste
“Je suis née avec une maladie dégénérative du nerf optique. J’étais mal voyante jusqu’à mes 20 ans et j’ai totalement perdu la vue à 20 ans d’une façon assez brutale, suite à des chirurgies compliquées à l’hôpital des Quinze vingts à Bastille. Il y a eu des moments compliqués, mais ça m’a donné la niaque pour vivre et vivre le mieux possible. Le sport ça me permet de canaliser ma nervosité importante. Et puis ça me permet de faire face aux différentes difficultés du quotidien auxquelles on peut être confronté quand on est porteur d’un handicap. On m’a proposé de rejoindre l’équipe de France de paracyclisme avec ma pilote Elise Delzenne. Je travaille aussi dans le service de réanimation pédiatrique. C’est ma deuxième maison, ça m’anime et ça me passionne.”
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Axel Clerget, 36 ans, masseur-kinésithérapeute à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), et champion olympique en titre en judo par équipe mixte
“J’ai un contrat d'insertion professionnel (CIP) qui me permet d’être détaché à 80% pour m’entraîner. Je m’occupe surtout de la partie pédiatrique dans un centre orthopédique, on a beaucoup d’enfants avec des halos, des tractions cervicales… Ce sont des enfants fortement appareillés, ce qui m’apporte beaucoup et me fait relativiser sur mes bobos du quotidien. Je pense que c'est très important d’être dans le préventif plutôt que dans le curatif, en France, on a malheureusement du mal à penser comme cela.”
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Anaïs Mai Desjardins, 22 ans, étudiante en 4e année de médecine, vice-championne de France 2021 de Kitefoil et championne d’Europe junior 2019
“Je suis dans une discipline qui est très peu connue finalement. C’est un sport nautique, qui va être présenté aux Jeux olympiques de Paris 2024. Je pense que le fait qu’on soit professionnels de santé ou en devenir, c’est quelque chose qu’on a en plus et dont on devrait plus parler. Mon projet m’a beaucoup amenée à réfléchir à ma pratique à l’hôpital. A travers nos communications, sur les réseaux sociaux, on touche beaucoup plus facilement les adolescents. C’est important qu’on diffuse un peu plus notre quotidien, ça nous permet d’envoyer des petits messages. Quand on est sportif de haut niveau, on fait attention à sa santé, on essaye de bien manger. Je pense qu’on devrait en parler plus souvent. La team sport santé c’est ce qui va permettre de concrétiser toutes nos idées et essayer d’améliorer le bien-être des Français.”
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Margot Chevrier, 23 ans, étudiante en 5e année de médecine, championne de France indoor et outdoor de saut à la perche
“J’ai fait le choix pour l’instant de ne pas faire de césure parce que même si c’est compliqué au quotidien, c’est difficile de ne pas être à l’hôpital et de ne pas avoir de patients. J’avais envie de pouvoir faire les deux en parallèle. Quand on rencontre des jeunes dans un stade, ils nous voient un peu comme des superhéros. Alors, s’ils peuvent voir dans nos stories, sur nos réseaux sociaux, que c’est un truc de super héros d’aller à l’école en marchant et pas en voiture. Le lendemain, ils pourront peut-être dire à leurs parents ‘on fait comme les superhéros et on y va à pied ?’. Au-delà de se dire ‘j’ai envie d’être champion olympique’, ça c’est bien mais ça concerne très peu de monde. Alors qu’être actif ça peut concerner 100% de la population. On peut leur transmettre cette volonté-là, et leur donner envie de faire comme nous et que finalement ça devienne une habitude.”
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Yann Schrub, 26 ans, interne en médecine, et médaillé de bronze du 10 000 mètres au championnat d’Europe d’athlétisme
“J’ai décidé de terminer ma dernière année [de médecine] après les Jeux de 2024, donc ça m’a permis d’être professionnel en sport à 100% depuis novembre. Quand on est professionnel de santé et sportif c’est un peu une évidence, on n’a pas beaucoup de temps. J’ai un sport qui demande pas mal de temps, d’énergie, de récupération. En ayant beaucoup de visibilité, ça va donner envie aux jeunes de pratiquer. Il ne faut pas forcément faire du sport de haut niveau, parce que tout le monde ne sera pas médaillé olympique ou sélectionné en équipe de France de football, mais surtout c’est l’activité physique qui compte, c’est le plus important. La prévention primaire, ce n’est pas un médicament, mais c’est encore plus puissant qu’un médicament.”
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