Après avoir présenté les grandes lignes de son programme santé, jeudi 17 mars, Emmanuel Macron s’est rendu à Pau (Pyrénées-Atlantiques) le lendemain pour échanger avec les habitants et répondre à leurs interrogations et inquiétudes. Sans surprise, le sujet des déserts médicaux était au cœur de l’échange, qui a duré plus de trois heures. Plusieurs professionnels de santé, dont des médecins et des infirmières, ont interpellé le Président-candidat pour comprendre comment il souhaite "en finir" avec ce fléau, qui touche désormais la campagne comme les zones urbaines. Emmanuel Macron a d’abord déploré les politiques de santé menées depuis "ces vingt-cinq dernières années" par ses prédécesseurs. "On a formé de moins en moins de médecins en se disant qu’on ferait des économies, on a développé un peu moins d’équipements et, il y a une quinzaine d’années, on a mis fin à ce que l’on appelle la continuité des soins dans le libéral", a-t-il cité, évoquant notamment la fin du "système de gardes" obligatoires. Dans une société qui "vieillit", ces mesures ont "aggravé les choses", a-t-il jugé. D’autant que "les nouvelles générations de médecins ne veulent plus pratiquer comme les anciennes". Ces mesures ont eu, selon lui, pour conséquence première de rendre "les urgences de plus en plus thrombosées". "Il fallait prévoir."
S’il estime avoir, durant son quinquennat, "rebâti solidement les choses pour reformer", évoquant notamment la fin du numerus clausus, "les conséquences ne seront visibles que dans huit ou dix ans". Le Président en exercice a ainsi appelé de ses vœux à "redonner du pouvoir et de l’intelligence sur le terrain", à "dégager du temps médecin" et à en réinstaller d’autres, notamment en favorisant les statuts "mixtes" – comme le salariat, et en "déléguant des actes à des paramédicaux". "Les jeunes médecins veulent du salariat. Et nous, on continue de vivre dans un système qui a été conçu à la fin des années 50 dans lequel il y aurait un bloc ‘hôpital public’ et un bloc, ‘médecine libérale’. Laquelle est, il faut dire les choses, de moins en moins libérale parce que sa clientèle est massivement subventionnée par l’argent public. Le monde est en train de s’hybrider sur ce sujet, il faut en tirer les conséquences", a-t-il déclaré face à une assemblée de centaines de personnes. Emmanuel Macron a également expliqué qu’il souhaite redonner de l’attractivité aux métiers du soin. Mission qu’il a déjà engagée en revalorisant les salaires à l’hôpital dans le cadre du Ségur, a-t-il ajouté. Les syndicats de médecins libéraux, eux, ont déploré dès l’été 2020 – date de la signature de ce Ségur "historique" – des moyens insuffisants pour la ville. Le Dr Bruno Gauthier, généraliste de 68 ans, à la recherche d’un successeur a ainsi interpellé le candidat LREM " Vous n’êtes pas sans savoir que 25 euros la consultation [de médecine générale] par rapport au reste de l’Europe, ce n’est pas beaucoup. Est-ce que vous pensez améliorer la rémunération ?" La réponse ne s’est pas fait attendre : "Bouger seulement sur la rémunération à l’acte n’est pas à mon avis un bon levier", a déclaré le candidat, avant d’ajouter : "On a un système qui rémunère trop à l’acte, que ce soit à l’hôpital et dans le privé, et donc qui n’incite pas assez aux actions de prévention et aux coopérations". Emmanuel Macron veut proposer "de nouvelles missions" aux médecins : par exemple "que [ceux] qui s’installent participent à la continuité des soins, prennent des gardes". Pour ces missions nouvelles, "qui ne sont pas forcément des actes médicaux", il y aurait "des rémunérations" spécifiques. "Je veux qu’on sorte progressivement de cette logique de la tarification à l’activité à l’hôpital ou de la rémunération exclusive à l’acte de nos médecins", a-t-il réaffirmé, estimant que cette rémunération à l’acte "ne correspond plus à la demande". "Plusieurs veulent devenir salariés car ils voient bien que l’acte ne couvre plus la réalité de leurs fonctions", a-t-il ajouté, s’adressant aux intervenants.
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M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus