"Non, une levée des brevets ne permettrait pas de produire plus de vaccins" contre le Covid : la réponse des industriels à François Hollande
"A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle."Dans une tribune parue dans Le Mondejeudi 30 septembre, l'ancien Président de la République François Hollande appelle l'Union européenne et l'Allemagne à prendre position en faveur de la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid. "Le marché s'est emparé de l'espace autrefois occupé par les Etats", déplore-t-il. "Les inégalités vaccinales continuent de se creuser chaque jour. Actuellement, seulement 2% habitants les pauvres de la planète ont reçu une première dose de vaccin, contre 60% de personnes pleinement vaccinées dans l'Union européenne", pointe-t-il. Posture "intenable" En cause, selon l'ancien Président de la République, "les monopoles détenus par une poignée de groupes pharmaceutiques", à l'origine d'une sous exploitation des capacités de production de vaccins à l'échelle mondiale. "Cette posture est devenue intenable face aux désastres que continue de causer la pandémie", alerte François Hollande. L'ex-chef d'Etat exhorte ainsi l'UE ainsi que la future coalition gouvernementale allemande à soutenir la demande de levée temporaire des brevets portée par les pays en développement, et à se ranger aux côtés du directeur de l'OMS, du président américain Joe Biden ou encore d'Emmanuel Macron. Si "déroger aux règles de propriété intellectuelle est un sujet grave", c'est pour François Hollande le seul moyen "pour lever toutes les barrières à l'augmentation massive de la production de vaccins" et de "montrer qu'aucun conflit privé ne prime sur l'intérêt général".
Mais pour Les entreprises du médicament (Leem), c'est une fausse bonne idée. Dans une tribune publiée sur son site ce lundi 4 octobre, le représentant des groupes pharmaceutiques répond point par point à l'ancien président de la République."Non, M. Hollande, une levée des brevets ne permettrait pas de produire plus de vaccins", lance Frédéric Collet, président du Leem. "Existe-t-il des usines de vaccins non utilisées ? Evidemment pas. Toutes les capacités de production qui ont la compétence en biotechnologie sont mobilisées pour mettre leur expertise à disposition", pointe-t-il. Si avant la crise, 4 milliards de doses de vaccins étaient produites chaque année dans le monde, désormais les fabricants du monde entier fournissent 1.5 milliard de doses par mois, grâce à des partenariats noués par les entreprises du médicament. Si bien que 12 milliards de doses ont été produites en 2021 et 24 autres milliards devraient sortir des usines d'ici juin 2022, "ce qui dépassera probablement la demande mondiale". "Il est erroné de penser que les capacités mondiales de production seraient insuffisantes et qu’une levée des brevets provoquerait, par miracle, la création immédiate d’une multitude de sites qualifiés et opérationnels", insiste le président du Leem. "Pour assurer la qualité des vaccins produits...
une expertise spécifique, une formation, des équipements de pointe et une accréditation du site sont indispensables. Et les exigences sont encore plus drastiques pour une nouvelle technologie comme l’ARN messager. C’est cet engagement sur la qualité qui est le garant de la confiance des citoyens envers les vaccins contre le Covid-19. Le contenu d’un brevet ne suffirait pas à les reproduire, il s’agit vraiment d’un transfert de savoir-faire industriel, qui est beaucoup plus long et compliqué à mettre en place", souligne-t-il. Débat "idéologique" Et le Leem d'insister sur l'investissement des entreprises pharmaceutiques en la matière, notamment de BioNtech et Moderna qui "durant des années" "ont pris d'énormes risques sans réaliser de bénéfices", "notamment parce qu’elles avaient l’assurance que leurs futures découvertes seraient « protégées » quelques temps par la propriété intellectuelle. Supprimer les brevets remet en cause cette protection et découragerait les nombreux candidats vaccins encore en cours de développement." Pour le Leem, il n'y a donc ni "monopole" ni "obstacle économique car les laboratoires pharmaceutiques ont mis en place des prix différenciés afin de proposer des conditions d’accès adaptées à chaque pays". Dénonçant un débat "idéologique" sur la levée des brevets, les entreprises du médicament appellent plutôt à "mettre fin aux barrières commerciales à l’exportation de matières premières, intensifier le partage de doses avec une politique ambitieuse de dons de la part des pays riches" et à "soutenir les campagnes de vaccination dans les pays les plus défavorisés". Car "il ne suffit pas de fournir un vaccin".
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