Souffrance des soignants : près de 5.700 appels reçus par le numéro vert SPS l’an dernier

02/05/2022 Par Louise Claereboudt
Santé publique
L’association Soins aux professionnels de santé (SPS) a publié ce jeudi 25 avril le bilan de son numéro vert (le 0 805 23 23 36). L’an dernier, le dispositif qui vient en aide aux soignants en souffrance a reçu près de 5.700 appels.

    Mis en place il y a cinq ans par l’association Soins aux professionnels de santé, le numéro vert SPS (0 805 23 23 36) a reçu près de 16.000 appels de soignants en souffrance, dont près de 12.000 en deux ans, durant l’épidémie de Covid-19. Un bond du nombre d’appels a en effet été observé depuis le mois de mars 2020. "Cette activité grandissante et continue du dispositif SPS témoigne du réel besoin d’écoute et de soutien des professionnels de santé rendus vulnérables", constate l’association dans son bilan, qu’elle a publié jeudi 28 avril. Au cours de la dernière année (2021), le dispositif d’appel et d'accompagnement psychologique – gratuit, anonyme et ouvert 7j/7, 24h/24 – a reçu près de 5.700 appels, "soit près de 16 par jour". "Les appels ont duré environ 25 minutes en moyenne, mais plus de 4% d’entre eux se sont prolongés au-delà d’une heure." Près du quart des appels ont été passés la nuit (plus de 1.200) et 600 le dimanche.

Les appelants sont en majorité des femmes – plus des deux-tiers. Près de la moitié sont salariés, 8% exercent en libéral et "plus du tiers sont étudiants". Les professionnels de santé qui sollicitent l’aide de l’association sont en moyenne âgés de 43 ans, 23 ans pour les étudiants. SPS note par ailleurs que trois professions sont particulièrement représentées (30% des appels). Il s’agit des infirmières (15%), des aides-soignantes (9%) et des médecins. Les professionnels du médico-social représentent 6% des appels. Les étudiants – pour qui la plateforme est ouverte depuis avril 2021 – représentent 43% des appels. Un quart d’entre eux réalisent des études de santé.   Epuisement, conflits, anxiété… L’association constate par ailleurs une évolution des motifs des appels par rapport à 2020, année au cours de laquelle la majorité des appels (55%) concernaient l’épidémie de Covid-19. Désormais, ils sont d’ordre personnel pour 37% d’entre eux (cause familiale, problèmes de santé…), d’ordre professionnel pour 19% (épuisement, conflits). "13% sont motivés par la pandémie (anxiété liée au confinement ou au virus lui-même)." Pour les étudiants, il s’agit davantage de situations personnelles (48%). Viennent ensuite "les problèmes liés au parcours" étudiant (28%).   Risque de passage à l’acte imminent Les 100 psychologues formés pour répondre aux soignants en détresse ont dû faire face à quelques situations d’urgence. Sur l’ensemble des appels recueillis l’an dernier, SPS comptabilise une centaine avec un haut niveau de gravité. Plus de la moitié étaient classés de niveau 1, c’est-à-dire qu’ils relevaient de l’anxiété (plus ou moins addiction), mais 10 appels de niveau 5 – risque de passage à l’ate imminent – et 98 appels de niveau 4 – idéations suicidaires – ont été dénombrés. Les 10 appels de niveau 5 provenaient de 7 étudiants et de 3 professionnels de santé. En 2020, ce sont 17 appels de ce plus haut niveau d’alerte qui ont été passés. "Au total sur les deux dernières années, la plateforme a permis de répondre à une centaine d’appels de personnes à risque suicidaire (imminence du passage à l’acte ou idées suicidaires). Grâce à elle, il a été possible d’adopter des comportements de soutien et de désamorçage de la crise suicidaire", se félicite l’association. Dans plus de la moitié des cas (60%), les appels étaient réorientés vers un psychologue en face à face (19%), un psychologue du réseau Souffrance et travail (13%), le médecin traitant (12%), ou encore d’autres réseaux (Morphée…) ou dispositifs. Systématiquement, les appels évalués de niveau 3 à 5 (épuisement professionnel, idéation suicidaire et risque de passage à l’acte imminent) sont réorientés vers un généraliste et un psychiatre.

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