Les auteurs (Institut Pasteur) se sont basés sur la cohorte « Milieu Intérieur », initiée en 2011, et qui regroupe 1 000 individus en bonne santé, âgés de 20 à 70 ans. Cette étude visait à savoir quels sont les facteurs qui ont le plus d’influence sur l’immunité. Pour cela les scientifiques ont exposé les échantillons sanguins des participants à divers microbes, et observés leur réaction immunitaire en fonction de 136 variables (IMC, tabagisme, sommeil, activité physique, maladies infantiles, vaccinations, lieu de vie, etc.). Les résultats ont montré que les variables qui avait le plus d’impact étaient : le tabagisme, une infection latente au cytomégalovirus et l’IMC. « Ces trois facteurs pourraient avoir autant d'influence sur certaines réponses immunitaires que l'âge, le sexe ou les variables génétiques », souligne Darragh Duffy, responsable de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur et dernier auteur de l’étude. Plus précisément, le tabagisme entrainait une augmentation de la réponse inflammatoire, ainsi qu’une modification de l’activité de certaines cellules impliquées dans la mémoire immunitaire. Ainsi, l’immunité innée mais aussi l’immunité adaptative étaient perturbées par le tabac. En outre, les auteurs ont observé que, si la réponse inflammatoire revenait rapidement à la normale après l’arrêt du tabac ce n’était pas le cas de l’impact sur l’immunité adaptative qui « perdurait dans le temps, pendant 10 ou 15 ans, a précisé Darragh Duffy. C’est la première fois que l’on met en évidence l’influence au long court du tabagisme sur les réponses immunitaires ». Ainsi, le profil des fumeurs et des anciens fumeurs étaient similaires sur ce plan. Des processus épigénétiques expliqueraient ce phénomène. « Nous avons, en effet, mis en évidence que l’effet à long terme du tabagisme sur les réponses immunitaires était associé à des différences de méthylation de l’ADN – susceptibles de modifier l’expression de gènes impliqués dans le métabolisme des cellules immunitaires – entre les fumeurs , les anciens fumeurs et les non-fumeurs » détaille Violaine Saint-André, ingénieure de recherche au sein de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur et première auteure de l’étude. « C’est une découverte importante pour mieux comprendre l’impact du tabagisme sur l’immunité d’individus en bonne santé mais aussi, par comparaison, sur l’immunité d’individus souffrant de diverses pathologies mis en avant » ajoute-t-elle.
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