En vue de l’élection présidentielle de 2022, le Conseil national de l’Ordre des médecins a lancé, début octobre, une grande consultation nationale afin de porter la voix de tous les praticiens sur de grandes thématiques : l’avenir du métier de médecin, l’accès aux soins dans les territoires ou encore la gouvernance du système de santé. L’instance rendra donc compte sous peu des propositions et des enseignements qui seront revenus en majorité sur ces sujets, pendant les deux mois où le questionnaire -anonyme- était en ligne. Une plateforme sera mise en place afin de rendre compte de la participation des médecins.
Néanmoins, “les inégalités socio-territoriales en France ont atteint un point de non-retour qui n’est pas supportable”, fait savoir le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Cnom. “Il va s’agir de reconquérir une partie des territoires perdus.” Le généraliste estime qu’en dix ans, la situation s’est profondément dégradée. Actuellement, plus de 70% de la population réside dans des zones difficiles, qu’il s’agisse de zones d’intervention prioritaire ou des zones d'action complémentaire, rappelle-t-il. “Il faut enfin préciser que ce problème ne touche plus seulement la médecine générale. D'autres spécialités sont parfois dans des situations de pénurie médicale et d’inégalités territoriales bien pires encore”, assure le vice-président de l’instance, avant de préciser que l’exercice libéral est tout autant concerné par le phénomène que le secteur hospitalier.
Autre constat rappelé par le Dr Jean-Marcel Mourgues : les diplômés de médecine générale, 5 ou 10 ans après la fin de leurs études, ne font pas le choix d’un exercice régulier et libéral en MG. A titre d’exemple, en 2009, sur 100 nouveaux diplômés de médecine générale inscrits pour la première fois à l’Ordre, la première année, 15% s’installent. Cinq ans après, en 2014, la proportion grimpe à 40%. Mais, dix ans après, elle est toujours à 45%. Ainsi, en dix ans, plus d’un médecin sur deux ne fait pas le choix d’un exercice régulier en médecine libérale au profit, probablement, d’autres modes d’exercice comme le remplacement ou le salariat.
Le vice-président de l’Ordre soumet ainsi plusieurs questions pour participer au débat, comme la pertinence d’adopter des mesures coercitives uniquement pour la médecine de ville alors que toutes les spécialités et modes d’exercice sont actuellement concernés par la pénurie. “A-t-on réfléchi sur l’impact de mesures coercitives sur les projets de carrière des futurs médecins sachant qu’on sait qu’ils ont du mal à s’installer?” ajoute-t-il encore, craignant que seule une spécialité - et un seul mode d’exercice - soit dans le viseur des politiques.
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