Téléconsultation : la Cnam remet les plateformes à leur place

24/09/2018 Par Catherine le Borgne

Dans Le Parisien, le directeur de la Cnam, Nicolas Revel, met en garde les patients qui pourraient être trompés par les campagnes publicitaires agressives de plateformes privées de téléconsultation : l'Assurance maladie ne remboursera que les actes à distance qui s'inscrivent dans le parcours de soins (ou correspondent à ses exceptions réglementaires). Voilà plusieurs mois que des plateformes de téléconsultations attendaent l'entrée en vigueur officielle de la téléconsultation, le 15 septembre dernier, pour capter les patients à leur profit, quitte à employer un discours publicitaire ambigu. Ainsi, la page d’accueil de Qare.fr (consultations illimitées grâce à un abonnement), stipule-t-elle : "Bénéficiez, depuis le 15 septembre 2018, des mêmes conditions de prise en charge et de remboursement que celles qui s’appliquent aux consultations en cabinet", alors que dans les faits, la situation est bien plus nuancée. Face à cette profusion d'offres de services privés allant de pair avec une certaine désinformation sur les conditions de remboursement, Nicolas Revel, le directeur de la Cnam, a rappelé les règles de base dans Le Parisien"Ces plateformes vous donnent accès à un médecin que vous n’avez jamais vu, qui ne vous connaît pas, que vous ne reverrez pas et qui ne figure pas dans une organisation territoriale (NDLR : maison de santé, centre de santé…) près de chez vous. Ces consultations ne seront donc pas remboursées", réitère le directeur général de la Cnam.

Pour le grand public, le directeur général rappelle donc que la téléconsultation est réservée au médecin traitant ou, en cas d’absence, à un médecin de proximité, "afin de favoriser le retour du patient dans un parcours de soins près de chez lui", justifie Nicolas Revel. Des exceptions à cette règle sont prévues : la consultation à distance sera toujours remboursée aux patients de moins de 16 ans, à ceux qui n’ont pas déclaré de médecin traitant, quand elle concerne un spécialiste à accès direct tel que gynécologue, pédiatre. Et dans le cas où le médecin attitré est indisponible ou inaccessible. "Lorsque nous recevrons une feuille de soins codée TCG ou TC, nous vérifierons que le patient est déjà connu du médecin ou que ce médecin fait partie d’une organisation territoriale de proximité (NDLR : centre de santé, maison de santé pluridisciplinaire, équipe de soins primaires…)", détaille Nicolas Revel. Ces organisations seront prochainement référencées dans chaque territoire et leur liste publiée sur Ameli.fr. Côté plateformes, on s’organise pour rentrer dans les clous et bénéficier du remboursement, relate Le Parisien. Ainsi Qare, plateforme créée à Londres en 2016 et arrivée en 2018 en France, qui propose des consultations en illimité par des médecins salariés moyennant un abonnement, annonce qu’il va changer son modèle dès la mi-octobre : suppression de l’abonnement et surtout recrutement de 5 000 médecins libéraux de ville d’ici fin 2019 pour coller à la réglementation.

Chez Livi, le Dr Maxime Cauterman, directeur médical, met en avant le fait que les médecins qui exercent sur la plateforme "font tous partie d’organisations territoriales de proximité, comme le veut l’Assurance maladie". Problème, ces praticiens ne sont qu’une vingtaine aujourd’hui. Difficile dans ces conditions d’offrir beaucoup de téléconsultations avec un médecin de proximité. "Débordés, les médecins de ville refusent fréquemment de prendre de nouveaux patients, pourquoi compliquer l’accès à nos services ?", interroge le Dr Cauterman. Le système s’avère donc plus compliqué qu’attendu. "Ça n’est pas une usine à gaz, se défend Nicolas Revel, mais il n’est pas question que les patients s’extraient de la consultation normale et s’habituent à ne voir des médecins que par écrans interposés, et des médecins qui seront différents à chaque fois. Ce n’est pas la médecine que nous souhaitons favoriser." [Avec leparisien.fr]

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Stéphanie Beaujouan

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