Quand Olivier Véran soutenait les travaux controversés du Pr Montagnier sur les antibiotiques dans l'autisme
Objets d'une enquête pénale pour leurs prescriptions jugées "dangereuses" d'anti-infectieux contre l'autisme, une cinquantaine de médecins se défendent en assurant avoir reçu le soutien d'Olivier Véran… en 2012. C'est un courrier embarrassant pour l'actuel ministre de la Santé. Le 30 novembre 2012, Olivier Véran, alors député de l'Isère, écrivait à Marisol Touraine pour lui demander de financer un essai clinique sur l'efficacité des antibiotiques dans la prise en charge de l'autisme, sur lequel son attention a été "appelée". "Plus de 1000 enfants sont actuellement traités par 50 médecins répartis sur le territoire formés au protocole", établi par le groupe de travail de Chronimed, soulignait Olivier Véran dans son courrier dont Egora a eu copie. Des résultats exposés quelques mois plus tôt devant l'Académie de médecine par le Pr Luc Montagnier, qui cautionne ce traitement, et qui doivent être démontrés par un essai clinique en double aveugle contre placebo. "Les contrôles se feront sur des tests médicaux, biologiques et surtout par un test de focalisation visuelle par ordinateur (eye tracking) qui objectivera et quantifiera l'amélioration du contact visuel mois après mois)", précise le député. "Il semblerait que ce projet avait fait l'objet d'une promesse de soutien financier à hauteur de 300 000 euros par le Gouvernement précédent", souligne-t-il, demandant à Marisol Touraine de l'informer "quant aux possibilités de poursuite de son financement".
Ce que le courrier d'Olivier Véran ne mentionne pas, c'est que ces travaux sont très controversés. A tel point que l'Académie de médecine avait tenu à prendre ses distances avec la méthode et les résultats annoncés par le Pr Montagnier. Marisol Touraine n'avait d'ailleurs pas donné suite à cette demande de financement. Ce qui n'a pas empêché les médecins de continuer à...
prescrire ces traitements hors AMM : dans son Livre noir de l'autisme, Olivia Cattan, présidente de SOS autisme, révèle que plus de 3000 enfants autistes en ont "bénéficié", parfois au prix de lourds effets indésirables. Son signalement a donné lieu à une plainte de l'ANSM auprès du procureur de la République, qui a ouvert une enquête. L'avocat de la cinquantaine de médecins mis en cause, Me Di Vizio, rappelle que leur protocole a été accepté par le PHRC 2017, mais est bloqué depuis 2018 pour cause de "défaut de fabrication de placebo". Il demande à ce que les médecins soient reçus au plus vite par le ministre de la Santé, rappelant son soutien d'alors. "Je n'hésiterai pas, à défaut, à faire citer celui-ci comme témoin dans le cadre de l'enquête pénale les concernant", annonce-t-il.
Sollicité par Egora, le ministère n'a pas donné suite à notre demande. Il a toutefois répondu à nos confrères de Capital qu'Olivier Véran n’avait fait qu’interroger la ministre "sur le lancement d’un essai clinique" . [avec Capital.fr]
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