Dans la nuit de jeudi 9 à vendredi 10 septembre s'est tenue la 31ème cérémonie des IG Nobel, au cours de laquelle un comité de scientifiques a récompensé dix recherches complètement farfelues, mais qui nous poussent à réfléchir. Et cette année encore, les chercheurs n’ont pas manqué d’humour… C’est LE rendez-vous scientifique déjanté de l’année. Comme en 2020, la cérémonie des IG Nobel a eu lieu en virtuel, et non au magnifique Sanders Theatre de l’université Harvard comme à son habitude, pandémie mondiale oblige. Alors que tous les regards du monde entier ont été tournés en 2021 sur la recherche scientifique et médicale, travaillant d’arrache-pied pour mettre au point un vaccin contre le Covid en un temps record, les IG Nobel ont amené un peu de légèreté. Présentée par le talentueux et moqueur professeur Marc Abrahams, mathématicien, éditeur et co-fondateur du magazine Improbable Research, qui organise l’événement, la cérémonie a vu défiler une dizaine d’études menées par de véritables et éminents scientifiques, mais qui ne servent… à rien, à part évidemment à nous faire hurler de rire. Un moyen de montrer que la science peut et sait aussi parfois ne pas se prendre au sérieux. Si cette année encore, le show habituel n’a pu avoir lieu, les organisateurs n’ont pas manqué d’inventivité pour rendre l’événement inoubliable : on retrouvait les traditionnels sketchs, les avions en papier que les internautes invités ont tenté de faire voler à travers leur écran (non sans dérision !), et les interludes musicaux bizarroïdes avec un mini-opéra. Des chercheurs du monde entier se sont vu décerner des IG Nobel (moins prestigieux que les prix Nobel certes, mais non moins importants pour le rayonnement de la science). Ils ont reçu, en guise de récompense, un trophée en papier, une sorte de diplôme signé par d’anciens lauréats, et un billet de 10.000 milliards de dollars zimbabwéens, une monnaie qui ne vaut rien.
En biologie, c’est la professeure de phonétique de l’université de Lund en Suède, Suzanne Schötz, qui s’est vu décerner un IG Nobel pour son étude, menée en collaboration avec Joost van de Weijer et Robert Eklund, sur le langage secret des chats, vêtue d’un magnifique serre-tête orné de petites oreilles. Cette dernière s’est intéressée aux sons émis par nos félins préférés : quels messages ont-ils voulu passer lorsqu’ils miaulent, ronronnent, gazouillent, sifflent ? Suzanne Schötz a tenté d’y répondre, et a même offert à l’assemblée une petite démonstration des variations en langage chat. Les bactéries de nos chewing-gums Une équipe de chercheurs espagnols et iraniens (Leila Satari, Alba Guillén, Àngela Vidal-Verdú, et Manuel Porcar) a remporté le prix de l’Ecologie pour avoir utilisé l'analyse génétique pour identifier les différentes sortes de bactéries (sphingomonas, entres autres) qui se trouvent dans les chewing-gums mâchés et collés sur les trottoirs de cinq pays, dont la France – où les échantillons collectés se sont avérés particulièrement divers et riches. Gare où vous mettez les pieds, car les bactéries peuvent rester collées des années sur ces friandises ! Le prix de Chimie a été remis à une équipe internationale composée de chercheurs d’Allemagne, du Royaume-Uni, de Nouvelle-Zélande, de Grèce, de Chypre et d’Autriche (Jörg Wicker, Nicolas Krauter, Bettina Derstroff, Christof Stönner, Efstratios Bourtsoukidis, Achim Edtbauer, Jochen Wulf, Thomas Klüpfel, Stefan Kramer, and Jonathan Williams). Ces derniers ont analysé l'air à l'intérieur des salles de cinéma, pour tester si les odeurs produites par le public avaient un lien avec le contenu du film qu’il visionne (violence, sexe, comportement antisocial, consommation de drogue, langage grossier…). La peur aurait-elle ainsi une odeur ? L’obésité des hommes politiques, signe de corruption ? La France s’est illustrée aux côtés de la Suisse, de l’Autriche, de la République Tchèque, du Royaume-Uni et de l’Australie en remportant le prix d’Economie. Il revient à Pavlo Blavatskyy qui a découvert avec son équipe que l'obésité des politiciens d'un pays pouvait être un bon indicateur de la corruption de ce pays. Pour cela, il a analysé les photos des visages des ministres en place en 2017 dans 15 anciens états soviétiques, dont l’Arménie, la Russie, la Moldavie ou encore l’Ukraine, en utilisant un algorithme permettant d’estimer leur IMC.
En médecine, Olcay Cem Bulut, Dare Oladokun, Burkard Lippert, and Ralph Hohenberger (Allemagne, Turquie, Royaume-Uni) ont montré que les orgasmes sexuels pouvaient être aussi efficaces que les médicaments pour dégager les nez congestionnés. Des barbes hyper-protectrices L’étude qui a remporté le prix IG Nobel de la Paix n’a pas manqué de faire rire l’audience. Portant tous de fausses longues barbes, trois chercheurs américains (Ethan Beseris, Steven Naleway, and David Carrier) ont remporté l’un des plus prestigieux, à l’instar du prix Nobel de la Paix, en soulevant l’hypothèse que les barbes pouvaient être un développement évolutif pour permettre aux hommes de protéger leur visage des coups de poing. Parmi les autres études déjantées, les lauréats des prix de Physique et ceux du prix de Cinétique ont cherché à comprendre pourquoi les piétons n’entrent pas constamment en collision avec d’autres passants, mais aussi pourquoi certains entrent quand même parfois en collision – la faute entre autres aux terribles téléphones portables ! L’absurde à son paroxysme. Les gagnants du prix de l’Entomologie ont quant à eux travaillé à savoir comment contrôler les cafards à bord des sous-marins… une problématique d’une importance capitale ! Enfin, le prix du prix du Transport (eh oui, cela existe !) a été attribué à une équipe de chercheurs de Namibie, Afrique du Sud, Tanzanie, Zimbabwe, Brésil, Royaume-Uni et Etats-Unis. Leur exploit ? Robin Radcliffe, Mark Jago, Peter Morkel, Estelle Morkel, Pierre du Preez, Piet Beytell, Birgit Kotting, Bakker Manuel, Jan Hendrik du Preez, Michele Miller, Julia Felippe, Stephen Parry et Robin Gleed ont mené des expériences pour savoir s’il était plus sûr de transporter un rhinocéros en vol la tête en bas, suspendus par les pieds. Retrouvez tous les lauréats et leurs études ici. Ainsi que notre article sur l’édition précédente.
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