Le système de santé français, l'un des meilleurs ? Médecins et infirmières n'y croient plus

Plus de 2 000 médecins et infirmières, professionnels ou étudiants, ont participé au 1^er Baromètre d'Egora et 360 Medics sur la qualité des soins. Cette dernière, jugée moyenne, s'est fortement dégradée ces cinq dernières années selon les soignants.

  Un mythe s'effondre. Pour les soignants interrogés, la France ne peut plus se targuer d'avoir l'un des meilleurs systèmes de santé au monde. Invités à évaluer la qualité des soins en France sur une échelle de 1 à 10, les médecins en exercice lui accordent à peine la moyenne : 6,31. Les infirmières sont encore plus sévères : 5.11.  

Surcharge de travail et manque de personnel

  Pour 88% des sondés (77% des médecins, 92% des infirmières), la situation s'est dégradée au cours des cinq dernières années. En cause, la surcharge de travail et le manque de personnel. Viennent ensuite les contraintes imposées par les administrateurs et autorités et, en 3^ème position, le manque de moyens financiers. Du point de vue individuel, ce sont les contraintes matérielles de travail qui impactent le plus la qualité des soins. Et pourtant, non seulement les médecins tiennent le coup, mais ils sont 79% à compenser la dégradation de la qualité des soins par un surinvestissement personnel. Ils s'impliquent notamment dans la qualité de la transmission d'informations patients (73% "très" engagés), la gestion des connaissances médicales et les projets d'amélioration des conditions d'exercice. Tout ce qui concourt à la maîtrise de la réalisation des soins – staff pluridisciplinaire, déclaration d'événements indésirables, Crex et autres RMM- ne les motive que modérément : 47% des répondant se disent "moyennement" engagés. La formation diplômante en cours de carrière arrive en dernière position (44% non engagés) quand il s'agit d'améliorer la qualité des soins. Enfin, 7 sondés sur 10 s'équipent d'outils spécifiques (BBD médicamenteuses, messageries sécurisées de santé…) et 8 médecins sur 10 se tiennent informés de l'actualité médicale au moins une fois par semaine.  

Un "point de rupture" a été atteint

  Pour le Dr Grégoire Pigné, directeur général de 360 Medics, ces chiffres, tout comme les récents drames survenus aux urgences, sont le signe qu'un "point de rupture" a été atteint. "Les données 2018 de la DGOS montrent qu'il n'y a jamais eu autant de soignants en France. Mais il n'y jamais eu autant de patients, de prises en charge complexes", pointe-t-il. Et pourtant les pouvoirs publics, focalisés sur la réduction des dépenses de santé, continuent de tirer sur la corde. "Dans le récent rapport Mesnier, on dit aux médecins que c'est encore à eux de s'adapter. C'est toujours aux soignants d'absorber les nouvelles exigences." Pour ce médecin spécialiste en oncologie et radiothérapie, il est temps que le système de santé soit remis "au service des soignants" et non plus qu'il leur soit "imposé", pour que ces derniers puissent dispenser la meilleure qualité des soins possible en toute indépendance.