Interrogée sur une possible réforme de l'aide médicale d'État (AME), sujet à controverse parmi les médecins, la ministre de la Santé a tenté de déminer le terrain, dimanche au Grand-Jury. "Je suis médecin, je sais exactement ce qu'il est important de préserver", a-t-elle affirmé, sans toutefois exclure une redéfinition du panier de soins… Pas touche à l'AME. C'est en substance la requête de 805 médecins, qui viennent de signer une tribune dans Le Journal du Dimanche. "Une limitation [de l'aide médicale d'État] serait une catastrophe en termes de santé publique et d'organisation de notre système sanitaire", écrivent-ils, refusant en bloc les pistes évoquées – réduction du panier de soins (notamment de la psychiatrie) ou introduction d'un ticket modérateur. La tribune, signée par des médecins de tous horizons – dont quelques mandarins influents (Pr André Grimaldi, Pr Amine Benyamina), des spécialistes de santé publique (Pr Alfred Spira, Dr Didier Fassin) et l'ancien président du CCNE Didier Sicard – se veut une réaction à la volonté supposée de l'exécutif de réformer l'AME. En progression rapide, l'AME serait jugée trop dispendieuse par une partie de l'exécutif – en particulier le chef de l'État, à en croire L'Opinion. Un rapport commandé à l'Igas cet été doit être rendu en octobre, quelques jours après le début des débats parlementaires sur l'immigration. De quoi alimenter l'hypothèse d'une réforme dans les tuyaux.
Invitée du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, Agnès Buzyn s'est employée à rassurer en réaffirmant "la nécessité absolue de préserver l'AME". "J'ai toujours défendu l'AME pour qu'elle ne se restreigne pas uniquement à l'urgence, c'est très important de soigner les gens tôt, au bon moment, pour éviter des dégradations" de leur état de santé, a défendu la ministre, tout en reconnaissant l'existence d'excès. "Il y a des abus et il y a des fraudes [mais] très difficiles à chiffrer." La ministre de la Santé a aussi rappelé que l'aide médicale d'État ne remboursait "aucun soin esthétique" ni "soins dentaires", démentant l'affirmation récente de Stanislas Guerini (patron de LREM) selon laquelle elle pourrait servir à faire implanter des prothèses mammaires. D'après La Croix, les abus identifiés ont plutôt trait à des filières d'immigration médicale en provenance des pays de l'Est, pour des patients en quête de greffe de reins. En 2013, la CPAM de Paris avait signalé l'existence d'une probable filière géorgienne, organisant l'arrivée en France de migrants atteints de tuberculose multirésistante. "Je suis médecin, je sais exactement ce qu'il est important de préserver" Si la piste du ticket modérateur semble définitivement exclue, une réduction du panier des soins pourrait bien être à l'ordre du jour. "On peut regarder s'il y a des actes qui ne sont pas nécessaires", a admis la ministre de la Santé. Avant de tempérer : "Je suis médecin, je sais exactement ce qu'il est important de préserver". Quant à la tribune des 805 médecins, Agnès Buzyn l'assure : elle "aurait pu la signer !". À raison de 934 millions d'euros par an pour plus de 300 000 bénéficiaires, l'AME représente "de l'ordre de 2600 euros" par an et par patient, soit "à peu près ce que dépensent la majorité des Français", a encore plaidé la ministre. Selon L'Opinion, Agnès Buzyn aurait réussi à éviter le coup de rabot généralisé sur ce poste de dépenses dans le PLFSS 2020. Et en 2021 ? [Avec AFP et L'Opinion]
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