Menacés par des complotistes, des médecins et scientifiques demandent une protection policière
Alors que les soignants luttent depuis plus d’un an et demi contre l’épidémie de Covid-19, ces derniers sont également confrontés à "une autre épidémie, opportuniste", "celle de la désinformation scientifique et médicale et du complotisme, dite infodémie, qui entraîne la défiance envers la science et ses porteurs, et qui s’accompagne d’un déversement de haine incessant", déplore le collectif #StopMenaces dans une tribune qu’il publie dans Le Parisien - Aujourd’hui en France, ce vendredi 18 septembre. "Cette épidémie-là ne progresse pas par vagues : après une phase inaugurale aiguë, elle est immédiatement devenue endémique et monte en puissance, constatent les signataires, dont le Dr Jérôme Marty et l’infectiologue Karine Lacombe. En France, elle s’est abattue brutalement en mars 2020 sur ceux qui ont osé lancer l’alerte concernant des travaux questionnables sur l’hydroxychloroquine à Marseille et la promotion directement auprès du public de cette molécule dans le Covid au mépris de la réglementation, signant l’avènement du populisme scientifique." Ces médecins et scientifiques alertent sur le rythme de plus en plus soutenu de ces insultes, tentatives d’intimidation, menaces, destructions de matériel, et violations de la vie privée dont ils sont victimes depuis plusieurs mois. "Des photos de domicile, de boîtes aux lettres avec géolocalisation ont été publiées, rapportent-ils. Certains d’entre nous ont ainsi été cités sur les réseaux sociaux comme faisant partie de ‘charrettes’, destinés à être traînés en justice, nommés comme des nuisibles à éliminer dans des vidéos YouTube hebdomadaires à très forte audience."
La violence a atteint son paroxysme lorsque, récemment, des appels à la décapitation ont été diffusés. Certains médecins et scientifiques ont déjà été agressés. "Nous sommes des cibles désignées, avec ce que cela implique de préjudice moral et de mise en danger au quotidien", lance le collectif qui appelle l’Etat à "mettre en place tous dispositifs nécessaires pour assurer [leur] protection", en l’occurrence une mise à disposition d’un garde du corps ou d’une protection policière. Démunis face à l’inaction des autorités pourtant "maintes fois interpellées", certains ont d’ores et déjà fait appel à des "agents de sécurité rapprochée, à leurs frais, ou sollicitent une protection fonctionnelle auprès de leur employeur avec plus ou moins de succès". Alors qu’un passage à l’acte est redouté, plusieurs plaintes individuelles ont été déposées au sein du collectif, dont nombre de membres font partie de la liste des condamnés promis à la guillotine dans un article paru dans France Soir le 22 août dernier. Une action collective devrait bientôt être engagée. "Notre collectif #StopMenaces a tenu une conférence de presse à Paris le 7 septembre, qui a eu un fort retentissement médiatique en France, mais aussi en Europe et aux États-Unis. Quelle a été la seule réponse du gouvernement ? Un Vous ne passerez pas, lancé à l’Assemblée nationale par Olivier Véran, ministre de la Santé, à ceux ‘qui veulent faire peur’", regrettent-ils, concluant que "sans action, il s’agit de paroles vaines". L’action du collectif Citizen4Science exhortant quatre ministères à agir, le 5 mai dernier, portée par le sénateur Bernard Jomier via une question écrite est "restée lettre morte". "Nous appelons les parlementaires à agir à leur niveau auprès des autorités, et les citoyens à joindre leur voix à notre appel aux ministères à prendre des mesures pour protéger les personnes harcelées et menacées et s’autosaisir du problème avec des actions concrètes." En ce sens, les signataires réclament que la proposition de loi nº 4 398 visant à améliorer la protection des lanceurs d’alerte soumise à l’Assemblée nationale le 21 juillet dernier soit "soumise au débat parlementaire de toute urgence". [avec Le Parisien]
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