"Cher confrère La lecture et la re-lecture (encore et encore…) de votre mail me laisse pantois. Sans concertation aucune avec la base qui, ce soir, est vent debout, vous venez d’enterrer en quelques lignes la médecine générale. Je préfère penser que cela est le fruit d’une faiblesse linguistique qui a fait écrire ce que la raison ne saurait concevoir sensément. Un rêve d’enfant, 10 ans d’études et 20 ans d’exercice atomisés en quelques lignes (volontairement?) dévastatrices… à cette heure, semble donc se poser la question de l’existence même de la médecine générale. La médecine générale a la tête sous l’eau et ce courrier se complaît à l’y enfoncer. Cela semble aussi incompréhensible qu’irréel : je me raccroche sincèrement à l’idée d’une maladresse, car l’idée d’une funeste soumission sans conditions aux farfelues élucubrations conjointes du ministère de la Santé et de la Cnam paraît invraisemblable. Pour avoir eu nombre de mes confrères de tout le territoire au téléphone très récemment, notre profession est dans un état de délabrement psychique extrêmement préoccupant : ce mail sonnera sûrement le glas de la vocation de nombreux collègues, qui vont de facto quitter le navire auquel même le capitaine ne semble plus faire confiance. C’est sans animosité mais avec une immense amertume que j’écris ces quelques lignes avant de tenter de trouver le sommeil pour récupérer d’une énième journée-marathon au service des patients… Soyez assuré, Cher Confrère, de mes sentiments très respectueux" Dr Frédéric Paing
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